Vivre c'est
survivre à un enfant mort.
Jean Genet
Comment
survivre au plus violent désespoir ? Mais quel désespoir est donc
« le plus violent » ? L’humiliation de l’amoureux
éconduit ? La tristesse du vieillard délaissé ? L’accablement du
prisonnier abandonné dans son cachot ?
Tout cela est
juste, néanmoins comme le dit Jean Genet, ce n’est rien à côté du désespoir produit
par la mort d’un enfant, qui nous rappelle avec violence que la vie, dans ce
qu’elle a de plus fort, de plus « éruptif », peut aussi s’éteindre.
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Rappelez-vous cette photo qui a bouleversé le monde entier : à côté de
l’enfant mort, il y avait le souvenir de l’enfant vivant.
Oui, ici plus
qu’ailleurs il faut savoir comment survivre – ou plutôt, comme on dit
aujourd’hui, il faut parvenir à la résilience (1). Comment faire ? Faut-il
s’étourdir d’action et/ou de plaisirs pour oublier ? Faut-il se dire qu’on
est fait autrement que ces pauvres victimes – et qu'on est plus
fort que le destin ? Doit-on se reconstruire en développant des
résistances ad hoc ?
Il y a aussi
ceux qui ont pensé prévenir ces effondrements et qui se sont endurcis en
considérant que la vie est fragile et en gardant en permanence l’idée que la
mort est proche (2), doivent le reconnaître : cette voie a été tentée par
le passé, mais n’a pas été retenue. Par contre mettre entre nous et la mort une
cloison étanche de plaisirs, d’oublis, de déni même, voilà qui est raccord avec
notre société de consommation et de plaisir. Reste que, quand le mur se lézarde
et nous laisse apercevoir le petit enfant noyé sur la plage, là on est mal…
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(1) « La
résilience définit la capacité à se développer quand même, dans des
environnements qui auraient dû être délabrants. » Boris Cyrulnik (voir
ici)
(2) « Aussi
n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : / C’est pour toi qu’il sonne »
John Donne (1624 - lire ici)
2 comments:
Cher jean pierre rapplez vous à quel propos Jean Genet à fait cette citation.
je vous en remercie.
Trés bel billet je vous embrasse jean pierre
Cette citation vient du Journal du voleur où Jean Genet raconte sa jeunesse. Je dois voir ça dans ma bibliothèque, mais je ne l'ai ap extrait pour le moment. Je mettrai une note ici même quand je l'aurai fait.
Je vous embrasse chère Frankie
Jean-Pierre
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