Bertolt Brecht – La vie
de Galilée
La vérité est une et
l’erreur est multiple. On peut donc
sortir d’une erreur sans être pour autant dans la sagesse, car un nombre infini
d’autres erreurs perdure.
C’est donc déjà une grande et belle victoire si la science
peut éradiquer une erreur : par exemple, lorsque Galilée (dont l’histoire
est l’objet de la pièce de Brecht) affirme que la terre tourne autour du
soleil : si à l’époque certains ont résisté à cette découverte,
aujourd’hui à part quelques imams abrutis, personne n’oserait encore
l’affirmer. Et pourtant, on sait que certains prélats catholiques sont très
décomplexés quand il s’agit de nier l’évolution des espèces (voir ici).
Raison pour la quelle, avec Brecht on doit se contenter de
dire que la science ne supprime pas l’erreur, mais qu’elle la limite. Et pour
faire bonne mesure, soyons modestes : il n’y a pas que les religieux
intégristes à entretenir l’erreur dans leur giron : nous mêmes, quand nous
croyons au pouvoir de nos savants pour prolonger notre vie ou pour nous
rajeunir, que faisons-nous ?
J’entends bien les protestations, on me dit que la médecine
peut – c’est possible – prolonger notre vie au-delà des limites
actuelles ; qu’elle peut nous donner une jeunesse plus tard dans la vie :
elle l’a déjà fait, voyez Jane Fonda (80 ans l’an prochain) ! Et qu’un
jour – dans un futur qu’on espère proche – elle nous donnera l’immortalité (Google s’y emploie).
C’est vrai, mais ne sommes-nous pas en face du désir le plus
originel (et le plus tenace) de l’être humain : échapper à la mort ? Et
comment appelons-nous la satisfaction d’un désir ? Un fantasme ?
Mais surtout, sachons que nous sortons ici de la sphère de
compétence de la science : pour elle n’existe que la vérité, pas
l’efficacité. D’ailleurs si la technique qui la relaie au niveau de l’action se révèle efficace, c’est
peut-être au détriment de la nature ou de l’humanité
Croyez-vous que nous souhaitons vraiment que les hommes – tous les hommes – deviennent
immortels ?
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