Bertolt Brecht
- Ceux qui ne combattent pas ont déjà perdu face à ceux
qui les combattent.
- Et alors ? Qu’importe, si la défaite ne
s’accompagne pas de souffrances ? Après tout la lutte en est peut-être la source
principale?
Telle était l’attitude de beaucoup de français en 1938,
lorsque Daladier revenait de Munich après avoir signé les accords qui
abandonnaient la Tchécoslovaquie à Hitler : « Je m'attendais à recevoir des tomates et j'ai reçu des fleurs » dira
Daladier (Art Wiki).
Depuis, on a blâmé l’aveuglement des français, mais
peut-être n’étaient-ils pas si aveugles que ça ? Certains d’entre eux
savaient le risque qu’ils prenaient de se mettre sous la botte nazie – Et
alors ? disaient-ils : en mettant de côté ceux qui pensaient que seul
Hiller saurait protéger l’Europe des bolcheviks, et les intellectuels qui
estimaient que l’Allemagne était un pays de trop haute civilisation pour être
redouté de la France éternelle, il est sans doute resté des gens pour espérer
de la défaite un traitement plus doux que la lutte armée (c’est d’ailleurs
là-dessus que Pétain a joué). On sait qu’ils se trompaient, mais cette attitude
a duré : qu’on se rappelle la formule des jeunes de Berlin dans les années
60 : Plutôt rouge que mort !
(1).
Oui, voilà une bien étrange idée : faire l’éloge de
la défaite – ou plutôt du non-combat (2). Mais, dans une époque qui glorifie les
adeptes du « lâcher prise » (3), ce n’est pas si bizarre que ça. Je
crois qu’on doit cette attitude à ceux qui, comme les stoïciens, refusent de
lutter contre les forces qu’ils ne dominent pas, car selon eux lutter contre ce
qui va de toute façon nous écraser n’est pas une attitude héroïque. Refuser la
lutte n’est pas une preuve de lâcheté, mais plutôt de sagesse, car toutes ces
forces – y compris celles qui nous écrasent – trouvent leur origine dans un ordre naturel.
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(1) En inversant la formule de Goebbels Lieber tot als rot (Plutôt mort que
rouge) pour pousser les berlinois à se battre jusqu’à la mort contre l’armée
rouge en 1945
(2) A ne pas confondre bien entendu avec le pacifisme de
Gandhi, qui est une posture de lutte.
(3) Lâcher
prise :
Locution nominale
– État de concentration impersonnel. « Certaines personnes ont besoin de
toujours tout contrôler. Ils n’acceptent pas leurs limites et perçoivent le
lâcher prise comme une véritable faiblesse. Lâcher prise ne veut pas dire
renoncer. Au contraire, cela signifie progresser, se libérer de poids inutiles
et parfois même changer notre façon de percevoir les choses. » - Melissa
Pekel, « Quand le lâcher prise … » Art Wiktionary
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