- L'impôt sur
l'industrie.... diminue nécessairement la consommation, et, en diminuant la
consommation, il empêche la reproduction ; il tend donc à détériorer
l'agriculture.
Condillac – Le commerce et le
gouvernement (1776), part. I, ch. 28
- Le
gouvernement portera coup à l'agriculture et au commerce, toutes les fois qu'il
entreprendra de fixer le prix des denrées
Condillac – Le commerce et le
gouvernement (1776), part. I, ch. 4
- Il fallut
répandre, sur toutes les frontières, des troupes pour empêcher la contre-bande
qu'on n'empêchait pas
Condillac – Le commerce et le
gouvernement (1776) part. 2, ch. 5
Inutile je
suppose de le souligner : Condillac défend une économie libérale qui
estime que les taxes, les règlements et les frontières ruinent les pays qui les
cultivent au lieu de leur apporter la prospérité espérée.
Ces arguments
sont fort bien connus, et ils ont été mis à l’épreuve des siècles qui en ont
découvert et les avantages et les limites. Mais la surprise vient de ce qu’ils
soient toujours en débat aujourd’hui, comme si on devait les redécouvrir à
chaque époque. L’histoire n’aurait donc pas su répondre à la question de leur
évaluation ? Ou – plus probablement – croirait-on que ce qui était vrai en
1776 ne l’est plus en 2017 ?
Généralisons :
il y a deux types d’évaluation en matière de connaissance :
- L’une qui consiste à en vérifier
la validité, par voie d’expérimentation et/ou de validité formelle. Une
démonstration par une expérience cruciale
(expérimentum crucis : lire ici) n’a pas besoin d’être refaite car
elle ne peut être contestée. Toute autre affirmation est alors considérée comme
erronée et tombe dans l’oubli. Comme dit Bachelard, « il y a des erreurs
qu’on ne commet plus ».
- L’autre consiste à juger une
assertion selon qu’elle soit cohérente ou non avec une doctrine ou une
idéologie. Ainsi des thèses de Galilée concernant le mouvement des planètes
autour du soleil, qui était jugée impie. Comme cette identité ne dépend que de
la foi en ces thèses, il faut bien sûr rappeler à chaque occasion les hommes à
la nécessité d’y croire pardessus tout.
On l’a
compris : le libéralisme, né sous des hospices philosophiques est
confronté à cette nécessité, il est donc perpétuellement mis en balance avec
d’autres thèses également dépendantes de la foi dans une conception également
philosophique de la vie des hommes. Reste à vérifier que l’économie libérale
soit d’abord une science avant d’être une idéologie.
Si on vérifie ce point, et puisqu'on nomme
« obscurantistes » ceux qui refusent de « croire » en
l’évolution des espèces, il faudra dire comment nommer ceux qui pensent qu’à
monter les taxes aux frontières on aura de meilleures conditions d’existences ?
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