Si nous nous dérobions à nos maris, au lieu de nous livrer,
quand ils sont en érection, et brûlants de désir, ils feraient vite la trêve,
je le sais bien.
Aristophane
– Lysistrata
Malheureux, tu te ronges le sang pour avoir été frustré !
J'ai bien pitié de toi, hélas ! Car quels reins pourraient y tenir ? Quelle âme
? Quels testicules ? Quels flancs ? Quel braquemart tendu, privé des amours du
matin ?
Aristophane
– Lysistrata
Il n'y a jamais de véritable volupté
pour l'homme, si la femme ne la partage.
Aristophane
– Lysistrata
On dit que Lysistrata
est une comédie. Formellement, certes. Mais pour qui veut bien la lire au
premier degré, c’est une tragédie. Oh ! Certes, pas au sens antique – mais,
voyez plutôt : les femmes, sous l’impulsion de Lysistrata, ont décidé pour
faire pression sur les hommes de se refuser à eux quand le besoin génésique
s’éveille en eux. Ceux-ci en effet éprouvent très vite les effets de la
continence sexuelle : privés des amours
du matin (oui, chez les grecs de l’époque, on faisait crac-crac le matin)
les voici embarrassés d’un encombrant braquemart (1), de testicules qui
gonflent à en éclater, de crampes dans les reins. Sans parler du désir effréné
qui obsède leur esprit.
Ils sont hommes dira-t-on, donc plus fort que les
femmes : que n’en profitent-ils pour les forcer à écarter ces genoux
qu’elles s’obstinent à tenir serrés ? Que ne les violent-ils pas ? –
Après tout entre mari et femmes ce ne devait pas être un crime à l’époque.
Seulement voilà : il n'y a jamais de véritable volupté pour l'homme, si
la femme ne la partage.
Sans le désir féminin, l’acte viril n’est rien d’autre
qu’une sorte de masturbation et le fait que ça se déverse dans « le vase
féminin » n’y change rien.
Le piège se referme : Lysistrata le sait. Les femmes
ont le pouvoir de priver les hommes de jouissance sexuelle parce que
décidément, le sexe ça se fait à deux, et que pour se trouver dans cette
situation la simple copulation physiologique ne suffit pas. Le viol dans la
mesure où il apporte une véritable jouissance à celui qui le commet n’est pas
un acte sexuel. Il est une forme de meurtre au ralenti qui apporte au meurtrier
le plaisir d’opprimer de faire souffrir et de détruire peu à peu un être
humain.
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(1) Braquemart – subst. masc.
− Épée courte à large
et lourde lame
− P. anal, lang. pop. Membre viril : « Dérouiller son braquemard. » : Forniquer (CNTRL)
− P. anal, lang. pop. Membre viril : « Dérouiller son braquemard. » : Forniquer (CNTRL)
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