Chez l’homme
(…) « le plaisir peut se détacher de l’utilité biologique. Il était un
signe, il devient une fin. »
Gaston Berger – Traité d’analyse du
caractère (cité par Lucien Jerphagnon – Le caractère de Pascal)
Les
philosophes sont des gens très précieux lorsqu’ils conceptualisent, ou
simplement qu’ils généralisent comme ici.
Certes, on
est habitué à considérer que chez l’homme le plaisir est distinct de celui de
l’animal dans la mesure où il peut être détaché de sa fonction biologique pour
être recherché pour lui-même ; mais on ne considère habituellement qu’un
cas : celui du plaisir sexuel. On dit alors que chez les bêtes le sexe est
recherché pour la jouissance mais aussi pour la procréation, raison pour la
quelle il est limité à la période de rut. Le reste du temps, les animaux
s’ignorent totalement. Plaignons les
tourterelles, qui ne baisent qu'au printemps! disait Ninon de Lenclos.
Seulement
prenons garde au fait que :
1 – Le
plaisir quel qu’il soit est certes attaché à un besoin (l’appétit pour la faim
ou le plaisir de boire pour la soif), mais il peut aussi en être détaché :
le gourmand (ou le gastronome) peut éprouver du plaisir à manger sans
faim ; ou encore le « boit-sans-soif » qui recherche l’ivresse.
2 – Beaucoup
d’hommes – et peut-être tous de nos jours – considèrent que le plaisir est
suffisamment bon pour être recherché pour lui-même et non comme signe dont il
convient de tenir compte, et puis ensuite de l’oublier. Il serait quand même
utile de penser que cette alternative existe, et qu’il n’est pas forcément
indispensable de stimuler le plaisir au-delà des besoins.
--> Oui,
mais alors : si ce n’est plus au plaisir indéfini que nous aspirons, que
devrions-nous rechercher ?
Jerphagnon
dont nous citons ce passage fait référence à Pascal : celui-ci considérait
qu’éprouver du plaisir était un mal s’il avait été recherché pour cela ;
et ce vice s’appelle « sensualité ». On devine que cela fait obstacle
à la recherche de la vie pieuse et au souci du salut de l’âme.
… Allez dire
au monsieur ou à la dame que vous croisez à l’hyper le samedi matin qu’ils
feraient mieux de rester à prier au pied de l’autel plutôt que de reluquer les
roastbeef ou les pots de Nutella : vous allez en entendre de belles !
No comments:
Post a Comment