Se révolter, c'est courir à sa perte, car la révolte, si elle se réalise en groupe, retrouve aussitôt une échelle hiérarchique de soumission à l'intérieur du groupe, la révolte seule, aboutit rapidement à la soumission du révolté... Il ne reste plus que la fuite."
Henri Laborit - Éloge de la fuite
Courage, fuyons… La stratégie de l’affrontement ainsi disqualifiée, Laborit ferait-il l’apologie de la lâcheté ? Car même si vous trouvez un mot un peu plus présentable pour nommer cette attitude, le fait de laisser le champ libre à l’agresseur reste une attitude d’abandon et de capitulation. Quant à ceux qui appelleront la non-violence de Gandhi à la rescousse (1) je dirai qu’elle relève de la révolte (=résistance) que Laborit refuse ; de plus elle est périlleuse, et la thèse est que justement c’est la vie qui est la valeur suprême ici.
C’est la difficulté du pacifisme, et j’en donnerai trois exemples :
- Garcin, le « héros » que Sartre met en scène dans Huis clos : est-il un pacifiste qui fuit sa patrie en guerre pour témoigner de la nécessité de la lutte pacifique, ou bien un déserteur, fuyant lâchement son devoir et qui a mérité son sort : 12 balles dans la peau ?
- C’est aussi le thème de la chanson de Brassens (2) : «Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente ».
- Et, pour ceux qui se rappellent la Guerre froide, et le slogan pacifiste des jeunes allemands de l’ouest : « Plutôt rouge que mort ! ».
Bref : mieux vaut être un lâche vivant qu’un courageux héros mort. « La vie, dit Brassens, est notre seul luxe » ; rien ne peut justifier de la sacrifier.
Supposons que cette attitude soit généralisée à l’espèce ; selon la loi darwinienne de la lutte pour la vie, n’auront survécu que les lâches qui ont su protéger leur existence et qui ont de ce fait pu se reproduire ; les braves, quand à eux, périssent au champ d’honneur avant d'avoir pu assurer leur descendance. Nous sommes donc, vous et moi, des fils et des filles de fuyards…
Peut-on condamner la fuite si la nature elle-même la choisit pour propager l’espèce ?
(1) Avez-vous constaté comme moi que personne n’en parle plus aujourd’hui ; pourquoi donc ? Ce ne sont pourtant pas les conflits qui manquent.
1 comment:
Oserai-je un élant de cyniscme?
Nous vivons malheureusement dans un monde mercantile, et la télé (sûrement le media le plus consulté pour s'informer dans nos pays occidentaux) n'est qu'un moyen de vendre.
C'est Etienne Mougeotte qui a dit je crois (je ne retrouve pas la citation exacte) qu'il faisait des émissions de télévision afin de préparer le spectateur à être réceptif à la publicité, ça laisse rêveur...
Si l'on lie ça au fait que les évènements triste / violent marquent plus les esprits que la joie, le bonheur, on peut en déduire que dans l'interet de marquer les esprits et de vendre plus efficacement un produit, il faut pour la télévision de l'action et pas des mouvements pacifistes (sauf si ce mouvement se fait écraser de manière violente).
Ainsi les boudhistes qui se font oprimer depuis des années au Tibet presque personne n'en parle (1): ils sont pacifiste. De plus, pour cet exemple il ne faut pas oublier que la Chine est toujours un marché en devenir, et qu'il ne faudrai pas avoir de mauvaise relations diplomatique avec eux sous peine de ne pas pouvoir bien vendre nos produits...
A l'opposé, on aime nous dépeindre la vie des soldats américains en Irak, qui viennent chercher du pétrole sous couvert d'apporter la démocratie aux Irakien (tout comme ils l'ont apporté au Chili, à Cuba, au Vietnam, en Afghanistant et j'en oublie sûrement un très grand nombre...).
(1): là j'éxagère, il doit bien y avoir un reportage annuel, lors de la saint sylvestre, sur arté à 4h du matin qui en parle...
PS: j'ai un peu grossi les traits de ma pensée pour être un peu plus cynique.
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