Vanité des vanités, tout est vanité... Car avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin, et celui qui augmente sa science augmente sa douleur.
Ecclésiaste - 1- 2 ;18
Vanitas vanitatis…C’est sur ces paroles que s’ouvre l’Ecclésiaste, qui condamne - entre autre - la prétention de la science à apporter le bonheur : ce n’est qu’une vanité de plus. Pire même, puisqu’elle mène à la douleur, parce que l’espoir de réaliser notre bonheur s’accroissant avec notre puissance, le dépit de l’échec n’en est que plus cuisant.
Tentons de voir notre monde à travers les lunettes du Sage (qu’on a cru longtemps être Salomon).
- Pensez donc à tout ce que notre civilisation a fait depuis (au moins) la Renaissance : vanité.
- Pensez aussi à Descartes et à sa devise « devenir comme maître et possesseur de la nature » : vanité.
- Pensez à la prétention de connaître l’Univers et d’en faire l’exploration : vanité.
- Pensez à notre vision actuelle de la nature où tout ce qui y arrive de bon est selon nous l’effet de notre science et tout ce qui y arrive de mauvais n’est que l’effet de notre imprévoyance : vanité.
- Voyez comment dans votre vie même, vous êtes jugé responsable : rien n’est donné, rien n’est garanti ; il vous faut tout inventer, tout assumer, parce que « vous êtes condamné à être libre » : vanité.
L’Ecclésiaste contient une leçon adressée à tous ceux qui prétendent changer le cours des choses, voire même simplement gouverner leur vie : c’est cette prétention qui est vanité. Que faut-il faire alors ? D’abord ceci : Jouis de la vie avec la femme que tu aimes (9:9). Et puis après cela : Crains Dieu et observe ses commandements (12:15).
C’est donc le renoncement à la vanité qui assure le bonheur et le salut. Remarquez alors que c’est la contre réforme qui a opposé le bonheur au salut : il faut souffrir dans cette vallée de larmes pour que nous puissions mériter notre part de Paradis. L’Ecclésiaste, malgré les apparences, est un texte optimiste.
Amen
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