Saturday, August 19, 2006

Citation du 20 août 2006

Tout est signe pour celui qui sait voir.
Le Coran
Qu’est-ce qu’un signe ? Les Chouans avaient choisi comme signe de ralliement nocturne le cri de la chouette qu’ils imitaient à la perfection (d’où leur nom de Chouans), parce que, pour les ennemis qui ne connaissaient pas le code (= ceux qui « ne savent pas voir ») ce son n'était pas un signe de ralliement, mais simplement le cri de l’oiseau nocturne. Il faut donc une intention extérieure pour qu’une donnée soit destituée de sa réalité concrète et reliée à cette autre chose qu’elle signifie.
Ainsi, Dieu - Allah, Yavéh, ou ... - ne s’est pas contenté de révéler la religion qui permet aux hommes de faire leur salut. Mais il a de surcroît déposé dans la nature des éléments que nous pouvons rattacher à Sa volonté pour en comprendre le sens : les anciens croyaient que le tonnerre était le signe de la colère de Dieu. A coté de la connaissance des Textes saints, il y a l’interprétation du monde : le profane n’est donc jamais totalement coupé du sacré, au fond de chaque chose il y a quelque chose de surnaturel, la nature et la surnature ne font qu’un.
Vous y croyez, vous, que tout est signe ? Et si vous n’y croyez pas vous désolez-vous de ne pas « savoir voir » ? En tout cas nous vivons dans un monde d’où les signes sont absents, du moins les signes d’une volonté surnaturelle. Deux masses d’air différentes se rencontrent : et voilà l’orage. L’éclair et le tonnerre, s’ils doivent être interprétés, ne nous donnent plus de message des Dieux. Les Dieux, ils sont loin de nous, ils nous ont laissé un monde « désenchanté » (1), où certes notre puissance d’action peut se développer sans réserve, mais où tout ce qui nous arrive relève des lois de la nature et non d’une volonté qu’on pourrait décrypter.
Seulement, voilà : on ne s’y résigne pas. Pascal a laissé une prière où il demande à Dieu la grâce de l’éclairer sur le bon usage des maladies ; de même, moi, si j’attrape un cancer, je vais quand même me demander qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça. Mais le médecin me dira : « Mon cher monsieur, vous avez une maladie qui résulte de la conformation de vos gènes, et de l’influence du milieu. Inutile de chercher ailleurs. Il n’y a pas de signe à interpréter, pas d’intention à retrouver. »
Accepter ça, c’est donc être devenu adulte ?
(1) Cf. Max Weber

1 comment:

Anonymous said...

Cela fait maintenant 3 jours que je ne peux m'empécher de penser à votre post.
En effet, votre dernière phrase: "Accepter ça, c’est donc être devenu adulte?" me fais un peu 'tiquer'.

Est-ce devenir adulte que de ne plus croire? Est-ce devenir adulte que de ne plus croire aveuglement en toute forme de religion 'divine', à cette question je serai tenté de repondre 'oui'. Mais est-ce que pour autant adulte que de croire aveuglement en la Science, là j'ai bien plus de doute.
Car malgrès toute la bonne volonté, et tous les efforts de l'ensemble de la communauté scientifique, enormément de questions restent en suspent, et pire encore pour votre théorie, ce qu'on croyait comme établie hier est remis en cause chaque jour et ne sera vraisemblablement plus vrai demain.

Mais pour éclaircir un peu mon idée, je dirai qu'il y a deux choses qui me gènent dans vos propos:
_le fait de comparer la science à une religion, même si de plus en plus de gens veulent voir dans les progrès de la technique des moyens de se sauver, je pense que c'est une bêtise. Je pense que les religions sauvent ceux qui veulent croire en elles car elles les insitent à croire en eux avant tout, alors que la Science (en tant que religion) au contraire les insiterai plus à croire à son évolution afin de les sauver d'eux mêmes et donc forcement les hommes ne peuvent être que déçu.
_vous semblez dire que l'on devient adulte lorsque l'on arrête d'éspérer et que l'on accepte sans vraiment comprendre ce qu'il nous arrive. Comme si justement se rendre compte que la fatalité n'existe pas était en soit une fatalité.

Je suis sûrement encore un peu jeune, mais je pense que devenir adulte c'est justement savoir que tôt au tard nous mourrons, ne pas en avoir peur, mais simplement le savoir.
Après, que l'on croie en un Dieu, ou en des signes, cela peut simplement nous aider à accepter cet état de fait; la science quand à elle ne nous y aide pas.