On m'a vu ce que vous êtes ; / Vous serez ce que je suis.
Pierre Corneille - Stances à Marquise (1)
Peut-être que je serai vieille, / Répond Marquise, cependant / J'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille, / Et je t'emmerde en attendant.
Tristan Bernard - Stance de Corneille – Brassens l’a chantée
Nous avons été ce que vous êtes / Vous deviendrez ce que nous sommes.
Epitaphe collective à l’entrée du cimetière des Salles-du-Gardon (Gard) (2)
Avouez que le thème du temps qui passe pour tout le monde est plutôt mignon s’agissant de l’écart entre le vieux barbon et la jeune et affriolante comédienne de Molière, mais que ça fait plutôt frémir quand on lit ça à la porte du cimetière…
Il y a deux façons de se positionner par rapport à ce type d’avenir :
- Songe que tu te nourris pour nourrir les vers qui vont te ronger : ça c’est la contre-réforme, qui, au 17ème siècle, s’efforce de développer la peur de l’imminence de la mort pour inciter les hommes à mériter leur salut à chaque instant (et comment mériter son salut sans obéir humblement à notre Sainte Mère l’Eglise ?)
- Soit le Carpe diem d’Horace : après tout vivons au jour le jour. C’est dans le présent seul que nous vivons, l’avenir, si certain qu’il soit (et c’est vrai la seule chose dont on soit absolument sur, c’est que nous mourrons un jour), n’existe pas. Seule la jolie fille, qui est là, sous ma main et le verre de vin frais qui est dans l’autre, existent.
Choisis ton camp camarade.
(1) Marquise est le nom de scène d’une comédienne de la troupe de Molière. Sophie Marceau l’a incarnée à l’écran.
(2) Vu également au-dessus de la porte du cimetière du hameau de Fouillouse en Saint-Paul-sur-Ubaye, patrie du père de l’abbé Pierre.
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