On n'est jamais mieux déçu que par soi-même.
Jean-Marie Poupart - C'est pas donné à tout le monde d'avoir une belle mort
Trop évidente pour être commentée, cette citation ?
Croyez-vous ?
Demandez autour de vous, vous verrez qu’il existe des gens assez contents d’eux mêmes et qui se trouvent toujours assez d’excuses pour expliquer par la malchance ou la malveillance leurs échecs ou leurs lâchetés. C’est ce qu’on appelle usuellement la mauvaise foi.
Donc, notre auteur (1) pense que la mauvaise foi, ce que Sartre appelait « le mensonge à soi même » ne saurait exister, sans doute parce qu’on ne pourrait être en même temps le menteur et la victime du mensonge.
Plutôt que d’entrer dans ce débat je voudrais dire qu’on est en plus confronté au problème à l’évaluation de soi-même : certains ne se croient-ils pas toujours capables d’être au-dessus des résultats qu’ils vont obtenir ? Lorsqu’on croit avoir réussi, c’est là que l’échec est bien décevant.
Alors il y a une expérience psychologique bien simple qui s’appelle « l’évaluation du niveau d’aspiration ». Il s’agit de demander à un sujet de tester son habileté – par exemple au lancer de pièce de monnaie sur une ligne tracée sur le sol (vous pouvez faire la même chose avec la pétanque). On demande au joueur d’évaluer le nombre de lancer qu’il compte réussir. On constate alors que cette évaluation va suivre, de tentative en tentative, les résultats : celui qui échoue va baisser son niveau d’aspiration ; celui qui réussit mieux que prévu va l’augmenter. Voilà, certes une grosse banalité. Sauf à dire que ce qui motive les changements d’aspiration à la baisse, ce n’est pas seulement le résultat objectif, c’est aussi la peur d’être déçu par soi-même.
Car, et c’est là aussi un aspect évident de notre citation, c’est que si on n'est jamais mieux déçu que par soi-même, c’est parce que là est la vraie déception, celle qui contient la fameuse blessure narcissique. Après tout on peut être absolument minable dans un domaine donné et ne pas en être déçu, ni en souffrir. Si nous craignons l’échec, c’est que nous avons un investissement narcissique dans le domaine concerné, et c’est celle-là qui est source de souffrance et donc de peur.
Mais ça peut être – en cas de succès – une source de jouissance et donc d’espérance.
Encore une banalité ? Que voulez-vous, c’est le sujet qui veut ça…
(1) Dont j’avoue n’avoir rien lu d’autre que cette citation fournie par un moteur de recherche avec la mention « écrivain canadien contemporain ». Si vous ne savez plus, dites-le moi.
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