Si nous créons quelque chose, c’est que le germe de cette chose n’était pas rigoureusement contenu dans l’instant antérieur.
J.P. Sartre – La responsabilité de l’écrivain (conférence à l’UNESCO, Paris, novembre 1946)
On a souvent de la création une idée fumeuse, principalement parce qu’on se focalise sur l’effort créateur, plutôt que sur son effet.
Et d’imaginer l’artiste en héros titanesque – Hugo ! - arc-bouté sur son œuvre, entrain de la faire jaillir du néant… Découragés par la distance qui nous éloigne d’un tel homme nous renonçons à imiter son effort.
- Sartre nous donne un critère simple : il y a création, dit-il, lorsqu’il y a production intentionnelle de ce qui ne s’est jamais produit, et qui ne n’aurait pu exister sans cette intention, autrement dit à chaque fois qu’il y a un acte libre.
C’est simple, oui, mais c’est un peu trop simple. L’acte le plus inessentiel peut donc être un acte créateur, dès lors qu’il serait fait pour la première fois ?
Alors ajoutons encore ceci : Sartre évoque le germe de cette chose qu’on appelle une création. Si ce germe n’est pas dans un enchaînement de causes et d’effets, alors il faut qu’il soit dans notre esprit, dans notre volonté, dans notre être, selon ce que vous voudrez dire ; il faut donc que cette chose nous exprime d’une façon ou d’une autre.
Non seulement la création c’est quelque chose qui n’existe que grâce à nous, mais surtout, en elle nous aimons à nous reconnaître.
– Reste à éviter le piège du narcissisme qui nous conduit à baptiser orgueilleusement « création » une production tout à fait quelconque.
Un exemple ? Les interminables séances photos de vacances que vous infligent vos amis. Là où il ne s’agit pas de vous faire partager le bonheur qu’ils ont vécu, ces gens-là espèrent vous faire reconnaître l’originalité de leurs images….
Car si la définition de Sartre a le mérite d’être claire, elle ne nous donne pas le moyen d’évaluer la création. Si toute création est originale, elle est comme un absolu : inclassable, incomparable, inévaluable. Comme l’infini
Quoique… Voyez l’infini : non seulement il y en a plusieurs, mais on peut encore les classer. Comme l’a montré Cantor, l’ensemble des entiers naturels a plus d’éléments que celui des nombres pairs, même si celui-ci est lui aussi un ensemble infini. On peut donc les classer.
Reste à trouver le modèle mathématique permettant de comparer les Fleurs du mal et Emaux et camées (1).
(1) Deux œuvres complètement différentes, puisque, malgré ce titre, Théophile Gautier ne fait pas comme Baudelaire l’apologie de la drogue
3 comments:
Deux œuvres complètement différentes, puisque, malgré ce titre, Théophile Gautier ne fait pas comme Baudelaire l’apologie de la drogue
De mes souvenirs de première, où j'étais censé étudier Les Fleurs du mal (j'avoue avoir à peine suivi l'ensemble de mes cours de français), il me semble que dans son œuvre, Baudelaire abordes surtout les thèmes sur les femmes, la mort et un peu l'alcool, mais je ne me souviens pas qu'il fasse l'apologie de la drogue dans son recueille.
- je ne me souviens pas qu'il fasse l'apologie de la drogue dans son recueille.
--> Méfiez-vous de vos professeurs : ils ne vous ont pas tout dit !
Baudelaire a publié deux textes sur le vin, le haschich et l'opium dont il était un fidèle consommateur (sous forme de laudanum).
Il s'agit de :
- Du vin et du hachish (sic)
- Les paradis artificiels, consacré pour l'essentiel à l'ouvrage de Thomas Quincey (Confession d'un mangeur d'opium)
Méfiez-vous de vos professeurs
Je savais bien que j'avais raison de ne pas toujours les écouter...
L'instinct de conservation surement...
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