Thursday, June 26, 2008

Citation du 27 juin 2008

Quand on s'abandonne, on ne souffre pas. Quand on s'abandonne même à la tristesse, on ne souffre plus.
Antoine de Saint-Exupéry
Courage fuyons ! On connaît cette boutade par la quelle on résume les thèses de Henri Laborit (1). On voit que cette intuition remonte à loin dans notre culture, à Saint-Exupéry, et même bien au-delà, et que les images pour l’illustrer sont légion. A commencer par celle du voilier qui fuit le gros temps, ou qui, surpris par lui, affale les voiles et se laisse dériver.
Les stoïciens soutenaient un peu la même idée, puisque nous ne devons pas lutter contre ce qui relève de la nature ; eux ils ont simplement ajouté qu’en plus on devait aimer ce qui nous arrive…
Bon, je ne vais pas épiloguer là-dessus. Par contre, ce qui surgit c’est l’objection : ne risquons-nous pas de devenir des légumes à regarder passer la vie sans bouger de peur de souffrir ?
Ou cette autre : ce qu’on abandonne pour éviter la souffrance, c’est ce qui est différent du milieu extérieur, c’est donc notre originalité, c’est notre individualité, comme le veulent les hindouistes pour qui l’individu – la personne - qui disparaît avec la mort ne méritait pas d’exister. Est-on prêt à jeter tout ça par-dessus bord ?
Ne vaudrait-il pas mieux souffrir, si pour l’éviter il faut rejeter tout ça ?
En tout cas, il y en a qui, pour ne pas souffrir, s’abrutissent d’alcool. Serge Gainsbourg, ivrogne avéré, disait : « Je ne peux pas être lucide 24 heures par jour. » Il soignait son pessimisme au scotch whisky. C’est plus toxique que le stoïcisme, mais à part ça…
(1) Quelques extraits de l’Eloge de la fuite, de Henri Laborit : ici et ici

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