L'éternité, c'est ce qu'il y a de plus fragile, c'est du papier. Qu'est-ce qui reste de tout le passé ? Non pas les idées, parce qu'elles s'envolent, mais des mots écrits.
Jean d'Ormesson - Entretien avec Bernard Pivot - Juin 1978
Les paroles s’envolent, les écrits restent…
Certes, une éternité de mots c’est fragile, mais moins que les idées.
- Tenez-vous le journal de votre vie ? Non pas un blog dans le quel vous racontez à vos copines vos aventures sentimentales, mais un cahier dans le quel vous écrivez ce qui vous passe par le tête et qui vous paraît devoir être remémoré.
Les mots écrits… Ça peut aller de l’almanach au livre de bord (logbook) en passant par les carnets qu’on porte dans ses poches pour y griffonner les observations de l’instant.
- Et des Mémoires ? Pourquoi pas des Mémoires ? Chateaubriand a bien écrit les Mémoires d’outre-tombe : c’est bien pour poser devant l’éternité. Mais outre que les mémoires sont les mots qu’on écrit sur les souvenirs qui nous restent, il faut dire aussi qu’elles sont adressées à un certain public, ou qu’en tout cas elles sont faites pour être lues.
--> La question que je voudrais poser n’est pas « Pourquoi voulons-nous une éternité de papier ? », mais plutôt « Pour qui la voulons-nous ? ». Et je répondrai : pour nous-mêmes.
J’ai ici même fait l’étonné devant l’obsession des écrivains de tout poil à faire lire leurs œuvres. C’est le moment de corriger le tir : ceux qui écrivent leur journal ne cherchent pas de lecteurs ; mieux même : ils doivent se cacher pour écrire, et planquer leurs précieux carnets.
- Qu’est-ce qu’apporte cette clandestinité ? Elle apporte la liberté : un texte qui n’est adressé à personne est affranchi de tout désir de plaire – ou de déplaire – à une quelconque lecteur.
Alors pourquoi écrire si n’est pas pour être lu ?
On écrit alors pour l’éternité de papier.
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