Deucalion et Pyrrha
Nous sommes, à nous deux, les seuls débris de l'espèce humaine ; les dieux l'ont ainsi voulu ; ils ont sauvé en nous un modèle des hommes
Ovide – Métamorphoses - Livre 1
Lorsqu’on imagine les débuts de l’humanité avec un couple originaire (Adam et Eve, Noé et… (1)), on se demande comment l’humanité a pu se développer à partir de là.
Alors, il y bien sûr les frères les sœurs qui peuvent s’y mettre aussi. Mais ça ne change rien : comment faire pour échapper à l’inceste et à la consanguinité ?
La solution a pourtant été trouvée : Deucalion et Pyrrha, ont selon Ovide repeuplé la terre en semant des pierres : à chaque nouvelle pierre jetée pardessus leur épaule un nouvel enfant naissait.
On résout ainsi deux problèmes d’un seul coup :
- on sait que les hommes naissent de la terre, comme les herbes ou les arbres : ils ne sont pas fils de l’homme, et s’ils sont frères, c’est pour être issus du même terroir. Ils sont ce que l’on appelle des autochtones
- et puis on sait aussi que leur procréation est un fait surnaturel.
Oui, mais, ça signifie donc que l’acte sexuel n’a plus de rapport avec la procréation, et réciproquement ?
Exactement : les célèbres Trobriandais peuple des îles Trobriand (N.O. de la Mélanésie) étudiés par Malinowski (2), croient que les enfants sont l’œuvre d’un esprit surnaturel, et que la paternité n’existe pas. Ils en feraient même un principe de la nature, puisqu’ils laissent leurs truies errer dans la forêt d’où elles reviennent engrossées par des porcs sauvages, alors même qu’ils ont un tabou alimentaire sur ces derniers. Ils ajoutent comme preuve que les filles n’ont jamais d’enfant hors mariage, bien qu’elles aient une totale liberté sexuelle.
Ouf !
(1) La Genèse ne donne pas le nom de la femme de Noé.
(2) Dans la vie sexuelle des sauvages du nord-ouest de la Mélanésie (à télécharger ici)
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