Citation du 3 mars 2012

Le silence est un hommage que la parole rend à l'esprit.

Lavelle (1)

Déjà, observons qu’il ne s’agit pas de n’importe quel silence. Si le silence est un vide dans une trame sonore, ici il s’agit du vide entre deux paroles, entre deux discours, entre deux répliques.

Selon la phrase de Lavelle, il s’agit du silence qui se fait quand la parole se tait, quand on médite, ou lorsqu’un ange passe, ou simplement quand on reste coi.

Cette énumération montre déjà qu’on aurait du mal à justifier cette phrase dans toutes les circonstances où la parole se tait : il y a en effet des silences gênés, des silences idiots, des silences méprisants, que sais-je encore ?

Renonçant à me lancer là-dedans, je me contenterai de dire : voilà dans quelles circonstances cette phrase a du sens.

Si le silence de la parole est un hommage à l’esprit, c’est que celui-ci a tout dit, que plus aucune parole ne peut apporter encore du sens nouveau. Si tout est dit, alors taisons-nous.

Oui, mais voilà : l’esprit a-t-il parlé ? A-t-il usé de la parole pour tout dire ? Comment comprendre que la parole soit en quelque sorte en face de l’esprit pour s’incliner devant lui ?

--> En réalité, la parole est un concept qui peut signifier deux choses bien différentes : il désigne soit l’énonciation à voix haute de la pensée, soit plus simplement l’usage personnel du langage pour signifier sa pensée.

Donc, selon Lavelle :

- soit l’esprit signifie silencieusement un peu comme Platon disant que la pensée est un dialogue de l’âme avec elle-même – ce qui exclut la profération à haute voix : l’esprit pense in petto.

- soit l’esprit ne se meut pas dans la sphère du langage, il signifie sans les mots, sa pensée est intuition pure du sens.

Je me rangerai du côté de la première hypothèse : c’est la plus banale, mais selon moi c’est la seule qui soit compatible avec l’exercice philosophique – or rappelons-le encore, Lavelle est un philosophe – pas un mystique

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(1) Citation péchée chez Frankie Pain : heureusement qu’il y a quelques fureteuses pour évoquer encore Lavelle … Ça au moins,ça me rappelle ma jeunesse sorbonarde.