Friday, February 22, 2013

Citation du 23 février 2013



C'est nous inspirer presque un désir de pécher, / Que montrer tant de soins de nous en empêcher; / Et si par un mari je me voyais contrainte, / J'aurais fort grande pente à confirmer sa crainte.
Molière –  L'Ecole des Maris, I, 2 (vers. 155-160)
Lisette, qui prononce cette tirade serait-elle un précurseur du féminisme ? Molière ajoute par la réplique suivante (celle d’Ariste) que pour maintenir les femmes dans la vertu, les verrous et les grilles ne sauraient remplacer le sentiment de l’honneur. On retrouve le débat sur la morale et la répression des fautes : la punition ne sert à rien tant que la compréhension du caractère vicieux de la faute n’est pas reconnu. Punissez un enfant, dit-on, et vous lui apprendrez à mieux se dissimuler la prochaine fois…
Mais le propos est ici légèrement différent : il s’agit de souligner que le fait de dire, principalement pour défendre, revient quand même à décrire le vice contre lequel il s’agit de prémunir, et donc de donner à penser ce qui autrement resterait dans les brumes d’une naïve ignorance. Les manuels de confesseurs (1) chargés d’enseigner aux prêtres l’art de susciter les confidences de jeunes soumis à la tentation de la débauche l’indiquaient bien fortement : inutile de donner les détails des perversions dont on souhaite l’aveu – au cas où le jeune pénitent n’en aurait pas été informé : la discrétion est la condition nécessaire pour obtenir une bonne confession.
Faut-il dire que cette rouerie de confesseur n’est en fait qu’une naïveté un peu ridicule ? Pas si sûr : parlant récemment d’une campagne de prévention du suicide, un responsable d’association disait combien ce genre d’intervention rencontrait d’obstacle en milieu scolaire. « Attention, lui disait-on, ne soyez pas trop explicite. Vous risquez un effet de contagion. Nos jeunes sont si fragiles… »
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(1) Un exemple entièrement numérisé datant  de 1843, ici.

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