Le larcin, l’inceste, le meurtre des enfants et des
pères, tout a eu sa place entre les actions vertueuses. […]
Il y a sans doute des lois naturelles, mais cette belle
raison corrompue a tout corrompu.
Pascal – Pensées
Fragment 60 (Classement Lafuma)
Les exemples choisis par Pascal pour démontrer que la
justice pérenne et universelle n’existe pas dans l’institution humaine, et que
les hommes ont besoin de la révélation divine pour la connaitre, suivent une
progression du moins vers le plus. Du simple larcin au parricide, on
passe du délit banal au crime le plus abominable.
C’est Michel Foucault qui fait état du parricide comme
étant le summum du crime (1) ; il est toutefois, nous dit-il, un crime encore
plus grave que le parricide : c’est le régicide – et encore ne l’est-il
que par comparaison : tuer le Roi, c’est comme tuer le Père absolu, le
représentant de Dieu-le-Père sur terre.
C’est ainsi poursuit Foucault que la hiérarchie des
crimes se retrouve dans la hiérarchie des supplices chargés de les faire
expier : au régicide est réservé le supplice le plus horrible (à ce qu’on
en disait) : l’écartèlement. Son livre (référence infra) s’ouvre sur le
récit du supplice de Damien qui avait tenté d’assassiner Louis XV.
Il est vrai que Pascal ne parle pas du régicide dans sa
liste des crimes susceptibles de devenir des « actions vertueuses »
et on le comprend : chez lui la justice humaine bien que relative et incertaine
reste garante de l’ordre et de la paix sociale – ce que menace justement l’assassinat
du monarque.
Pour en venir là il faudra attendre la Révolution
française faite au cri de « Mort au tyran ! ». Lorsque Louis XVI
monta sur l’échafaud, ce fut la revanche de Damien
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(1) Michel Foucault Surveiller et punir – Naissance de la
prison
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