Proportionner la jouissance à l'effort et
l'assouvissement au besoin.
Victor Hugo – Les
Misérables
L’effort, nous l’avons vu hier, est la condition de
l’estime et du respect de soi.
Mais bof… Ce que je voudrais avoir, ce n’est pas tant le
respect, mais le bonheur. La vie du saint, avec ses efforts pour mériter le
Paradis, très peu pour moi. Même si pour être heureux je devais vivre en
pourceau – eh bien pourquoi pas ? Allons-y ! Trainons-nous dans la
fange.
… Ou alors, écoutons Victor Hugo : pour être
heureux, il suffit que je sois comblé par ce que la réalité m’apporte. Ce qui
suppose, comme le disait Descartes, que du coup je sache limiter mon
attente : « Ma troisième maxime
était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes
désirs que l'ordre du monde » (1)
Reprenons donc : ce qu’on doit chercher, c’est seulement
la jouissance qu’on peut se donner à soi-même et limiter notre assouvissement
juste au niveau de nos besoins.
La différence avec la morale des pourceaux, c’est qu’on ne
peut jouir que dans l’effort et non dans l’inaction ou la paresse. La vraie
jouissance est non seulement celle qu’on obtient par son mérite personnel, mais encore celle qui culmine dans le plein
emploi de nos capacités.
Mais il y a plus : les pourceaux sont-ils
heureux ? Sans doute pas, parce que, loin de se limiter à la satisfaction
de leur besoin, ils sont dans la logique du désir – c’est-à-dire du « Toujours plus ! ». Par
exemple, si je suis heureux d’avoir fait hier la fête, mon bonheur ne peut se
poursuivre aujourd’hui que dans une autre fête, plus grande, plus intense, plus
explosive encore que la précédente.
--> Ce qui est impossible, et ce qu’on ne visera pas
si on recherche l’assouvissement uniquement dans la satisfaction de nos
besoins.
A suivre…
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(1) Descartes – Discours de la méthode (3ème partie)
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