Saturday, February 02, 2013

Citation du 3 février 2013

La véritable création commence où finit le langage.
Arthur Koestler – Le cri d'Archimède
De quelle création s’agit-il ? Sans doute de la création artistique, puisque le tableau, la statue la sonate, etc. semblent correspondre bien mieux à cette affirmation que l’invention de l’ingénieur.
- Pour comprendre cette phrase on peut imaginer que l’artiste-créateur, lorsqu’il se lance dans son œuvre, dépasse tout ce qu’il a pu en dire dans la description de son projet. C’est dans le faire et non dans le dire que l’œuvre prend naissance.
- Mais on peut tout aussi bien estimer que Koestler pense ici au spectateur de l’œuvre, à celui qui en parle et non à celui qui la produit. Tout ce que je peux dire d’un tableau ou d’une symphonie reste à l’extérieur, leur nouveauté radicale en tant que création étant inépuisable pour le langage humain : l’œuvre véritable est source d’émotion esthétique, et cette émotion est plus que toute autre réfractaire à l’expression linguistique. C’est à condition de cesser d’en parler qu’on peut l’éprouver. Un peu comme au début du concert, on cesse de bavarder : « Bon concert ! » et le chef peut lever sa baguette.
Cette interprétation me déçoit tout de même, car il y en a une autre si essentielle à l’œuvre esthétique qu’elle m’en parait être en le critère constitutif : c’est la capacité à être commentée de façon inépuisable. Chez Proust, il y a des pages inspirées par « la petite phrase » de la Sonate de Vinteuil qui sont inoubliables de force et de justesse (1). Mais si ces pages sont  délimitées dans le récit, c’est qu’elles répondent à l’exigence de l’histoire, non à leur potentiel. J’imagine sans peine Charles Swann continuant d’en parler indéfiniment.
Une œuvre d’art se reconnait à ce qu’entre elle et nous se poursuit un dialogue sans fin.
Je dirais donc : la véritable création se poursuit où finit le langage.
A nous de la rattraper.
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(1) Si le cœur vous en dit, et écoutez ici la Sonate de Vinteuil telle qu’imaginée par Raoul Ruiz dans son film Le temps retrouvé

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

mon cher jean pierre j'ose prononcé que je vais mieux,je viens d'accoucher d'une piéce de théatre premier jet bien sur qui comme vous dites à commencer ou s'arrête le langage et fini ou le langage revient entre temps les mots traduit dans leur cris et dans la quête du sens de la tragédie de l'humain décapsulé sur la voie de désuage je vous embrasse fort
votre texte m'a inspiré ce matin et c'est si juste
je vous embrasse bien tendrement
merci de vous êtes inquiétée de moi tout es ses petites intentions m'ont aidé à revenir vers la vie elle ont eu fonction de tiers
et pas à pas pouvoir se relever

merci
françoise