En voyant quelquefois les friponneries des petits et les
brigandages des hommes en place, on est tenté de regarder la société comme un
bois rempli de voleurs, dont les plus dangereux sont les archers, préposés pour
arrêter les autres.
Chamfort – Maximes et
pensées
Le pourcentage
de voleurs est le même dans toutes les communautés, même chez les gendarmes.
Edgar Morin (cité le 25-01-2008)
Je citais il y peu le cas de notre ministre du budget
chargé de combattre la fraude fiscale et qui selon toute apparence lessivait en
douce l’argent de ses propres fraudes grâce à ses comptes offshore dont nous découvrons aujourd’hui l’existence.
Et nous, de nous énerver en constatant que le gardien de
notre budget était en réalité un fraudeur et que tout ce qu’on pouvait espérer
de lui, c’est qui fut le seul fraudeur qu’il tolérât.
Or Chamfort, en plein 18ème siècle, nous
avertit que les voleurs les plus dangereux sont précisément les archers
préposés à leur arrestation.
On supposera avec Edgar Morin que si les gendarmes chargés
d’arrêter les voleurs sont eux-mêmes des voleurs, c’est simplement parce qu’il
s’agit d’une catégorie socio-professionnelle comme les autres. Mais on aurait
tort de les tenir quitte pour si peu. Comme Platon le faisait observer, les
médecins sont – grâce à leur science – les plus dangereux empoisonneurs qui
soient. Et les geeks les plus honnêtes feraient les hackers les plus
redoutables. Et bien sûr ceux qui ont pour mission de débusquer les évadés
fiscaux ont des compétences qui en feraient d’excellents connaisseurs des iles
Caïman.
Mais on l’a déjà compris, ces propositions sont
parfaitement réversibles : les criminels sont les plus compétents pour
débusquer les criminels – comme l’a amplement prouvé Vidocq forçat évadé du
bagne qui devint le chef de la police de Napoléon.
On devrait donc demander à un empoisonneur d’écrire un
Traité des poisons ; à un hacker de tester la résistance des
réseaux ; et à un Cahusac, évadé fiscal depuis 20 ans, de lutter contre
les fraudeurs. Il s’agit de traiter le mal par le mal, comme le préconise
l’homéopathie.
L’homéopathie : selon elle la différence entre le
mal qui combat et le mal combattu est affaire de dosage : il suffit une
infime quantité d’agent pathogène pour combattre la plus féroce infection.
Et donc ? Si monsieur Cazhusac n’a que 600000 euros d’argent sale, il peut
reprendre son poste : on reste dans le dosage homéopathique.
1 comment:
Comme vous expliquez bien les choses...
J'ai transféré, bien sûr!
F' oreratc 309
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