« Je suis votre très, humble serviteur »
Expression d’un French Gentleman of the court of Louis
XVI
« Baise
mon cul »
Expression d’un French Gentleman of the court of Egalite – 1799
(Ces deux expressions sont illustrées par
cette eau-forte de James Gilleray datant de 1799 – Publiée dans un récent
numéro de Libération)
Voilà comment nos amis britanniques concevaient l’évolution
de la Civilisation française, suite à la Révolution de 1789. A voir la gravure
ci-dessus on pense que, si le petit marquis n’est pas très sympathique, on le
préfère néanmoins au gros porc qui nous montre son derrière dans l’échancrure
de sa redingote.
Bien sûr il s’agit d’une caricature, mais quand même :
qu’adviendrait-il si on jetait par-dessus bord toutes les règles de politesses
et si on pouvait du coup se permettre de dire – et de faire – tout ce dont on
aurait envie ?
En réalité, la politesse est une façon de conserver par
rapport à autrui une distance idéale : ni trop loin, pour pouvoir se
parler, ni trop près pour ne pas s’importuner. Ceux qui en sont réduit à vivre
uniquement avec leurs semblables des classes défavorisées l’ignorent (comme le
peuple dont se moque notre caricaturiste anglais). Par contre, ceux que leur
statut place en haut de l’échelle sociale en font un usage immodéré, désireux
qu’ils sont de se préserver de ce contact.
o-o-o
Comme c’est dimanche et que vous avez du temps pour lire,
voici la fable des hérissons d’Arthur Schopenhauer (dans les Parerga et paralipomena) qui illustre ce propos :
« Un été, une
famille de hérissons, vint s’installer dans la forêt. Il faisait beau, chaud,
et toute la journée les hérissons s’amusaient sous les arbres.
Ils
batifolaient dans les champs, aux abords de la forêt, jouaient à cache-cache
entre les fleurs, attrapaient des mouches pour se nourrir, et la nuit, ils
s’endormaient sur la mousse, tout près des terriers.
Un
jour, ils virent tomber une feuille d’un arbre : c’était l’automne.
Ils
jouèrent à courir derrière les feuilles, qui tombaient de plus en plus
nombreuses, et comme les nuits étaient un peu fraîches, ils dormaient sous les
feuilles mortes.
Or il
se mit à faire de plus en plus froid, dans la rivière, parfois, on trouvait des
glaçons.
La
neige avait recouvert les feuilles, les hérissons grelottaient toute la journée
et la nuit, tant ils avaient froid, ils ne pouvaient fermer l’œil.
Aussi,
un soir, ils décidèrent de se serrer les uns contre les autres pour se
réchauffer, mais s’enfuirent aussitôt aux quatre coins de la forêt : avec
leurs piquants, ils s’étaient blessé le nez et les pattes.
Timidement,
ils se rapprochèrent, mais encore une fois, ils se piquèrent le museau, et
chaque fois qu’ils couraient les uns vers les autres, c’était la même chose.
Pourtant,
il fallait trouver absolument comment se rapprocher : les oiseaux les uns
contre les autres se tenaient chaud, les lapins, les taupes, tous les animaux
aussi.
Alors,
tout doucement, petit à petit, soir après soir, pour avoir chaud, mais pour ne
pas se blesser, ils s’approchèrent les uns des autres, ils abaissèrent leurs
piquants, et avec mille précautions, ils trouvèrent enfin la bonne distance.
Et le
vent qui soufflait, ne leur faisait plus mal, ils pouvaient dormir, bien au
chaud, tous ensemble….. »
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