[Dans Hyperpolis] on n’allait pas au hasard. On suivait beaucoup de chemins qui avaient été tracés d’avance par quelques hommes à l’esprit acharné.
J.M.G Le Clézio –
Les géants (1973)
Hyperpolis est le nom inventé par Le Clezio pour désigner
un immense supermarché qui réunit tous les attributs de la société de
consommation – du moins tels qu’on les imaginait en 1973. Au nombre de ces
manipulations, il suppose que les déplacements des clients dans la surface
marchande ne seraient pas livrés à la fantaisie de chacun mais organisé pour
l’avantage du commerce.
Tous les clients d’Ikéa ont dû hocher la tête en lisant
ça : le parcours obligé, ils le connaissent bien. On en a même fait la
théorie – Lisez ça :
« On le savait déjà, mais cela a été prouvé ! Alan
Penn, le directeur du Virtual Reality Centre for the Built
Environment de l’université de Londres a étudié un magasin Ikea à
Brent, au nord de la capitale anglaise. Il en est venu à la conclusion que
ce qui contribue au succès d’Ikea, c’est le fait que ses magasins soient conçus
comme des labyrinthes : au lieu de se déplacer dans un espace
ouvert où ils peuvent avoir directement accès à ce dont ils ont besoin, les
clients sont désorientés, ils sont obligés de traverser un labyrinthe, et donc
ainsi obligés de visiter tous les rayons du magasin.
"C’est si bien fait et de façon tellement
habile que je doute que ça ne soit pas intentionnel", commente
Penn. Dans son étude, Penn révèle qu’au bout de quelques minutes seulement
après l’entrée dans le magasin, les clients perdent la notion de l’espace et le
sens de l’orientation et n’ont aucune idée de où se trouve la sortie.
Selon la directrice de la communication chez Ikea Suède, Ivana Flygare, le but n’est pas de pousser les clients à acheter plus mais de "leur offrir plus inspirations et des raccourcis".
Selon la directrice de la communication chez Ikea Suède, Ivana Flygare, le but n’est pas de pousser les clients à acheter plus mais de "leur offrir plus inspirations et des raccourcis".
L’étude insolite de Penn fait état d’un problème plus
sérieux : les sorties de secours en cas d’incendie sont placées hors du champ
de vision des clients. » (Article complet ici)
--> Quand je lis que les communicants du magasin
prétendent que cette organisation a été voulue pour offrir au client plus inspirations et des raccourcis, je dis
qu’en plus de mentir, ils se payent notre tête. Plus d’inspiration, alors qu’ils viennent d’affirmer qu’il ne
s’agit pas de pousser le client à acheter plus : voilà un misérable jeu
sur les mots.
Et voilà qu’ils nous parlent maintenant de raccourcis – quelle fumisterie !
La réalité, c’est que le client est obligé
de faire toutes les allées du
magasin : d’ailleurs les flèches dessinées au sol sont aussi des
mensonges. Car si elles existent c’est seulement pour nous faire croire qu’on a
le choix entre plusieurs itinéraires possible – un bon et des mauvais. Or il
n’y a aucun choix.
Le parcours Ikea serait-il un symbole de celui de la
vie ?
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