Bien loin qu’un roi fournisse à ses sujets leur subsistance, il ne tire la sienne que d’eux, et selon Rabelais un roi ne vit pas de peu.
Rousseau – Du
contrat social (Livre 1, Chap. 4)
De jour et de nuit, nous veillons à votre bien. Et c'est
pour votre bien que nous buvons ce lait et mangeons ces pommes.
G. Orwell – La ferme
des animaux, Chap. 3
A l’heure où tout le monde s’étrangle d’indignation avec les retraites « complémentaires »
(=chapeau) des PDG, La Citation-du-jour prend
de la hauteur et s’interroge au sujet des rétributions dues à nos dirigeants politiques.
o-o-o
Rousseau envisage la rétribution des Princes : à son
époque, on la justifiait en disant qu’ils étaient l’origine de la prospérité
publique. On en concluait que, d’une certaine façon, c’étaient eux qui donnaient
à manger au peuple : d’où la nécessité de bien les nourrir. L’objection
est facile et rejoint celle de La Boétie (évoquée hier) : de même que le
Prince n’est rien s’il n’est soutenu par le consentement populaire, de même la
prospérité d’un pays est le fruit du travail de tous et non des décisions prises
par un seul.
Reste que ce sujet est toujours sensible : par ces
temps de crise on épluche avec suspicion les émoluments des ministres et les
listes civiles des Rois (là où il y en a, comme en Belgique).
Cette rétribution tire sa légitimité de l’exigence de
satisfaire les besoins des chefs (politiques) : faut-il donc que le peuple
en pâtisse ?
Ecoutons Orwell : puisque les chefs œuvrent pour le
bien public, leur rétribution est comme un investissement qui doit déboucher en
retour sur un enrichissement. C’est pour cela qu’ils doivent être grassement
payés. Et si le chef est un cochon – comme dans la Ferme des animaux – alors le petit peuple de l’étable devra se
priver de lait et de pommes pour qu’il puisse s’en gaver, puisque c’est pour le
bien de tous ! Puéril. Ce discours est bien celui d’un cochon qui ne peut s’imaginer
que ses sujets soient capables de réfléchir !
--> En fait, chacun peut bien se dire que le PDG de
Volkswagen exige un salaire mirobolant sous peine de filer chez un concurrent
plus généreux (1). C’est la libre concurrence sur le marché des Chefs qui dicte
leur prix.
Mais nos gouvernants ? Combien valent-ils sur le
marché des chefs d’Etats ?
Mettez François Hollande et Jean-Marc Ayrault en vente
sur e-Bay, rien que pour voir jusqu’où les enchères vont monter.
N.B. Attention – Il est habituel que les Présidents
usagés fassent une nouvelle carrière en tant que conseillers en monnayant leur
carnet d’adresse. Spécifiez donc bien en présentant vos enchères : « A vendre politicien en exercice sous contrat
de gouvernement ».(2)
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(1) Vous avez
remarqué ? Dans l’affaire Varin on s’indigne que cet homme touche des
millions alors que l’entreprise est en quasi-faillite : est-ce que ça ne
veut pas dire que si Peugeot était aussi florissant que WV alors oui – il pourrait
empocher le salaire de 15000 Smicards ?
(2) Vous pouvez aussi aller lire ça.
(2) Vous pouvez aussi aller lire ça.
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