Sunday, November 03, 2013

Citation du 4 novembre 2013


La plus grande faiblesse de la pensée contemporaine me paraît résider dans la surestimation extravagante du connu par rapport à ce qui reste à connaître.
André Breton
Voilà une citation à laquelle je souscris totalement – à une condition toutefois : retirer l’adjectif « contemporaine » qui vient restreindre sa portée.
En effet on a toujours voulu croire que la connaissance acquise recouvrait la totalité du connaissable. On a été certain que l’Asie était proche de l’Europe au point d’espérer l’atteindre en trois semaines de navigation vers l’ouest. On a dit qu’il était évident que le mouvement du soleil et celui de la lune étaient de même nature (= tous les deux des mouvements réels). On a pensé qu’il était possible de transmuer le plomb en or…
On pensera qu’il s’agissait là de survivances de l’esprit mythique, mais qu’aujourd’hui la rationalité a définitivement gagné la partie, liquidant enfin les brumes qui pourraient faire croire que les fables ont autant de force que les vérités scientifiques.
On a deviné que ce trait vise les créationnistes, et c’est vrai : car nous devons (comme le disait Bachelard) savoir qu’il y a des erreurs qu’on ne peut plus commettre. Mais est-ce que, pour autant, nous possédons la vérité ? S’il y a de l’inconnu, qui pourrait jurer que n’en surgira pas un jour quelque nouvelle découverte capable de remettre en cause des pans entiers de notre savoir ? (1)
Comment faire pour ne pas surestimer le connu par rapport à l’inconnu ?
La bonne question est : que peut-on savoir quand on ne sait pas tout ? Si je calcule la racine de 2, comment puis-je être sûr – absolument sûr – qu’on ne parviendra jamais, même après des siècles de calcul, à un chiffre exact ? Seule une démonstration mathématique (il en existe depuis l’antiquité) peut me donner cette certitude (2).
Autre exemple : ce que je sais du rapport de l’esprit et du corps est-il si assuré ? La connaissance de mortalité ou de l’immortalité de l’âme (ou comme on voudra l’appeler) sera-t-elle un jour autre chose qu’une croyance ? Et en attendant, ce que la science nous révèle quant au fonctionnement du cerveau est-il si solide ? Dans les années 60, mes profs de psycho m’apprenaient que les neurones crevaient progressivement après l’âge de 25 ans et que rien ne pouvait inverser le processus. On dit qu’il est prouvé aujourd’hui le contraire…
… et si – suite à une petite manip de rien du tout sur le génome humain – ça pouvait repousser indéfiniment ?
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(1) Comme le jour où l’on a cru que les neutrinos allaient plus vite que les photons !
(2) On ferait la même remarque à propos du nombre pi.

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

Le partage votre avis sur dans ce billet et merci de vous acting sur mon blog en commentaire je vous embrasse.
bonne semaine