…il se demandera si, derrière toute caverne, ne s’ouvre pas, ne doit pas s’ouvrir une caverne plus profonde…
Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, §289 (Voit l’extrait en annexe)
Les cavernes ont toujours fait fantasmer :
- On rêve parfois à ces hommes préhistoriques s’enfonçant
dans de profondes cavernes absolument inhabitables pour aller peindre le plus loin
possible dans les entrailles de la terre leurs mystérieux bestiaires.
- D’autres, ont été habitées au cours de la préhistoire
par des hommes qui ont dû les disputer aux ours. Ces cavernes ne sont-elles pas
des images de la matrice dont nous avons été expulsés le jour de notre
naissance ?
- Nous avons aussi la caverne de Platon, image de
l’illusion la plus parfaite, je veux dire de ce monde d’apparence qui n’est en
rien réel et que pourtant nous croyons le seul véritable.
- Mais il semble bien que Nietzsche ait songé encore à
une autre caverne : celle dans laquelle nous nous enfonçons à la
découverte d’une réalité cachées, et qui comporte peut-être de multiples salles
séparées par d’insondables siphons – derrière
toute caverne … doit s’ouvrir une caverne plus profonde. Système solaire,
galaxie, univers : il y a toujours un au-delà à l’au-delà.
Mais Nietzsche n’est pas Pascal : il ne songe pas à
ces vertigineux espaces cosmiques. Bien au
contraire ! Selon lui, c’est en nous que se creusent ces
mystérieuses cavernes, et ce n’est que pour en protéger le secret – notre secret – que nous en révélons
parfois un méandre – donnant ainsi à croire qu’elle s’arrête là.
Car là est sans doute l’intérêt principal de ce
texte : méfiez-vous de ceux qui mettent leur cœur à nu. Ne sont-ils pas en
réalité entrain de protéger les plus profonds replis de leur âme en semblant
révéler ainsi ses plus intime secrets ?
Ne nous hâtons pas pourtant de les taxer de
machiavélisme : leur bonne foi n’est peut-être pas en cause et c’est
peut-être eux-mêmes qu’ils leurrent. Freud nous a habitués à ce genre de ruse.
Mais il parait avoir cru qu’il n’y avait rien derrière l’inconscient, personne pour
manipuler le manipulateur.
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Annexe :
… n’écrit-on pas précisément des livres pour dissimuler
ce qu’on cache en soi ? Il doutera même qu’un philosophe puisse avoir des
opinions « ultimes et véritables » ; il se demandera si, derrière toute
caverne, ne s’ouvre pas, ne doit pas s’ouvrir une caverne plus profonde…
« Il
y a quelque chose d’arbitraire dans le fait qu’il se soit arrêté ici pour
regarder en arrière et autour de lui, dans le fait qu’il ait cessé ici de
creuser plus avant et déposé sa pioche ; il entre aussi de la méfiance là-
dedans. » Toute philosophie dissimule aussi une philosophie ; toute opinion est
aussi une cachette, toute parole aussi un masque. »
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