Montaigne – Essais
Lorsque tu ne sais pas où tu vas, rappelles-toi d’où tu
viens.
Proverbe africain
Malgré les apparences, ces deux citations pourraient bien
être complémentaires. Car si nous voyageons sans savoir où nous allons, alors,
pourquoi voyager ? Sauf à dire que nous fuyons quelque danger qui nous
menace là où nous étions. Peu importe où nous allons – car nous n’allons nulle
part. Tout ce que nous voulons c’est ne surtout pas retourner là d’où nous
sommes partis = Rappelles-toi d’où tu
viens… pour ne plus jamais y aller.
Je sais bien que cette interprétation risque de scandaliser ceux qui trouvent dans ce proverbe africain l’idée que nos racines sont ce que nous avons de plus précieux, et que sans elles nous ne sommes plus rien. Et que si nous sommes perdus, la seule chose importante que nous ayons à faire, c’est de rebrousser chemin, de retourner au berceau de nos ancêtres. Evidemment, c’est à Ulysse que nous pensons, lui qui fut ballotté pendant 10 ans sur les flots, et qui ne voulait qu’une chose, c’est de retourner là d’où il venait : dans sa Patrie.
Je sais bien que cette interprétation risque de scandaliser ceux qui trouvent dans ce proverbe africain l’idée que nos racines sont ce que nous avons de plus précieux, et que sans elles nous ne sommes plus rien. Et que si nous sommes perdus, la seule chose importante que nous ayons à faire, c’est de rebrousser chemin, de retourner au berceau de nos ancêtres. Evidemment, c’est à Ulysse que nous pensons, lui qui fut ballotté pendant 10 ans sur les flots, et qui ne voulait qu’une chose, c’est de retourner là d’où il venait : dans sa Patrie.
Tout cela est vrai, mais ce dont nous parlons avec
Montaigne, c’est des voyageurs qui sont persécutés chez eux et qui trouvent
leur asile dès qu’ils ont franchi les frontières de leur pays.
o-o-o
Ne sommes-nous pas comme ces demandeurs d’asile, à
chercher toujours ailleurs la tranquillité qui nous fuit dès que nous sommes
seuls face à nous ? Mais qui fuyons-nous ? Quel ennemi armé de
machette ? Quelle mafia, quels tortionnaires ?
Hélas ! Notre pire ennemi est parfois en nous, c’est
cette noire araignée qui tisse sa toile dans notre esprit, qui nous ronge d’anxiété
et de culpabilité ; à la fuir nous passerons notre existence et nous la
stériliserons.
--> C’est de ces gens là que parlent les stoïciens
pour dénoncer leur folie : semper
instabiles mobilesque sunt (1). Car ce qu’ils fuient c’est eux mêmes – et
donc il est illusoire de vouloir partir, car ils emmènent leur persécuteur avec
eux.
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(1) Ils sont toujours instables et en mouvement (Sénèque)
– Voir le texte + la traduction (en italien !) ici
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