Sunday, November 16, 2014

Citation du 17 novembre 2014

Ce que vous dites de ces connaissances virtuelles me surprend, je suis étonné. Comment, il ne vous est pas venu dans la pensée que nous avons une infinité de connaissances dont nous ne nous apercevons pas.
Leibniz Nouveaux Essais – (I - 1 - 5)
Savoir c'est savoir qu'on sait.
Alain  - Les idées et les âges
Bac blanc de philosophie.  Traitez le sujet suivant :
« Alors que, selon Leibniz « nous avons une infinité de connaissances dont nous ne nous apercevons pas », Alain affirme que « Savoir c'est savoir qu'on sait ».
Dites auquel de ces deux jugements vous apportez votre adhésion. »
Durée : 4h. Coeff. : 7
o-o-o
Oui, je sais : ce genre de sujet est tellement chiant qu’il est de nos jours strictement interdit de le proposer à des élèves de terminale – du moins à titre de préparation au bac.
Et pourtant… Leibniz/Alain : il faut bien que l’un des deux ait raison quand même ?

Comment naissent nos connaissances ?

Alors que pour Alain, tout savoir doit être vérifié dans une démarche strictement cartésienne (1), pour Leibniz certaines connaissances peuvent interagir avec d’autres indépendamment de la conscience. Pour Leibniz il y a des connaissances virtuelles, qui existent en moi, et qui jouent un rôle dans mes réactions, dans mes perceptions, sans même que j’en aie conscience.
D’ailleurs, s’il fallait qu’à chaque instant je pèse le vrai et le faux dans toutes les décisions que je prends d’instant en instant, je serais comme l’âne de Buridan : je périrais de faim et de soif entre le seau d’eau et le sac d’avoine. Mais ce ne serait pas de l’hésitation ; ce serait faute de temps pour vérifier qu’on a effectivement faim et qu’on effectivement soif.
En réalité, pour Leibniz, nos connaissances peuvent nous modifier sans même que nous en ayons conscience et à ce titre nous ne sommes pas foncièrement différents des animaux : notre savoir n’est rien d’autre qu’une expérience que nous avons acquise avec ou sans conscience de le faire, et qui finalement déterminent quelles autres connaissances pourraient venir les compléter (2).
Reste, bien sûr, que jamais une telle connaissance ne peut être une certitude tant qu’on ne l’a pas vérifiée. Simplement le précepte cartésien cité en note n’est pas le seul moyen de le faire. L’expérience se renforce ou s’annule en fonction de ses effets. Le malheureux âne de Buridan n’est pas mort à cause de son ignorance, mais parce qu’il avait autant faim que soif.
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(1) « Ne jamais admettre une chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle » (Discours de la méthode, 2ème partie) : faut-il dire qu’un tel précepte exige la claire conscience du savoir en question ?
(2) On aura reconnu la thèse des empiristes.

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