Ce que vous dites de ces connaissances
virtuelles me surprend, je suis étonné. Comment, il ne vous est pas venu dans
la pensée que nous avons une infinité de connaissances dont nous ne nous
apercevons pas.
Leibniz Nouveaux
Essais – (I - 1 - 5)
Savoir c'est savoir qu'on sait.
Alain - Les idées et les âges
Bac blanc de
philosophie. Traitez le sujet suivant :
« Alors que, selon Leibniz « nous avons une infinité de connaissances dont nous ne
nous apercevons pas », Alain affirme que « Savoir c'est savoir qu'on sait ».
Dites auquel de ces deux jugements vous apportez votre
adhésion. »
Durée : 4h. Coeff. : 7
o-o-o
Oui, je sais : ce genre de sujet est tellement chiant
qu’il est de nos jours strictement interdit de le proposer à des élèves de
terminale – du moins à titre de préparation au bac.
Et pourtant… Leibniz/Alain : il faut bien que l’un des
deux ait raison quand même ?
Comment naissent nos connaissances ?
Alors que pour Alain, tout savoir doit être vérifié dans une
démarche strictement cartésienne (1), pour Leibniz certaines connaissances
peuvent interagir avec d’autres indépendamment de la conscience. Pour Leibniz
il y a des connaissances virtuelles, qui
existent en moi, et qui jouent un rôle dans mes réactions, dans mes perceptions, sans
même que j’en aie conscience.
D’ailleurs, s’il fallait qu’à chaque instant je pèse le vrai
et le faux dans toutes les décisions que je prends d’instant en instant, je
serais comme l’âne de Buridan : je périrais de faim et de soif entre le
seau d’eau et le sac d’avoine. Mais ce ne serait pas de l’hésitation ; ce
serait faute de temps pour vérifier qu’on a effectivement faim et qu’on
effectivement soif.
En réalité, pour Leibniz, nos connaissances peuvent nous
modifier sans même que nous en ayons conscience et à ce titre nous ne sommes
pas foncièrement différents des animaux : notre savoir n’est rien d’autre
qu’une expérience que nous avons acquise avec ou sans conscience de le faire,
et qui finalement déterminent quelles autres connaissances pourraient venir les
compléter (2).
Reste, bien sûr, que jamais une telle connaissance ne peut
être une certitude tant qu’on ne l’a pas vérifiée. Simplement le précepte
cartésien cité en note n’est pas le seul moyen de le faire. L’expérience se
renforce ou s’annule en fonction de ses effets. Le malheureux âne de Buridan n’est
pas mort à cause de son ignorance, mais parce qu’il avait autant faim que soif.
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(1) « Ne jamais admettre une chose pour vraie que je ne
la connusse évidemment être telle » (Discours de la méthode, 2ème partie) : faut-il dire qu’un
tel précepte exige la claire conscience du savoir en question ?
(2) On aura reconnu la thèse des empiristes.
(2) On aura reconnu la thèse des empiristes.
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