Pas besoin d'intérêt pour mentir. Le plaisir suffit.
Amélie
Nothomb – Péplum
L’homme est un animal capable de mensonge, et sauf
exception, il est même le seul animal à savoir mentir (1). Apprenons donc à ne
pas mentir à nos petits enfants, car voyez-vous, le mensonge commence au
berceau.
On considère le mensonge comme un vice abominable qui sape
les bases des rapports humains et qui apporte au menteur le confort d’une vie
dissimulée derrière la fausse apparence de l’honnêteté et de la conformité aux
bons usages. Le mensonge est l’acte d’un égoïste qui fait passer son intérêt
privé avant tout.
… Et si on se trompait ? Si le mensonge malgré tous ses
inconvénients était non l’expression d’un besoin égoïste, mais celui d’un
désir ? Si, comme le suggère Amélie Nothomb, mentir apportait un plaisir à
nul autre pareil ?
En quoi consiste donc le plaisir de mentir ? Chacun, en
son âme et conscience apportera sa réponse qui, je le rappelle, doit exclure
les habituelles justification par la commodité, la sécurité, voire même la
charité (= ne pas révéler la vérité au malade condamné etc.).
J’imagine :
1 – Mentir, c’est le plaisir de tromper les autres, de les
faire « marcher » : c’est jouir de posséder un pouvoir sur eux.
2 – C’est aussi créer une pseudo-réalité qui obéit à des
règles que nous maitrisons parfaitement. On se rappelle encore la dramatique histoire
de Jean-Claude Roman qui a fait croire à tous qu’il était un médecin très
célèbre, et ce pendant 20 ans Sur le point d’être démasqué et de voir cette
fiction s’écrouler, il tue toute sa famille et tente de se suicider. (2)
3 – On arrive insensiblement à la fonction créatrice du mensonge : mentir c’est porter à
l’existence ce qui n’existe pas, ce qui n’aurait jamais pu exister sans le menteur.
D’une certaine façon le romancier est le premier des menteurs.
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(1) On a quand même réussi à obtenir de certains singes
qu’ils mentent. Voici le récit de cette expérience : un singe en
cage ; à l’extérieur deux caches identiques : sous l’une, l’animal
sait que se trouve une friandise et sous l’autre rien du tout. Arrive un homme :
le singe lui désigne le cache sous le quel se trouve la friandise, l’homme la
découvre et la donne au singe. Arrive un autre homme (qui porte un chapeau
reconnaissable) : le singe lui montre l’endroit où est la friandise :
l’homme la découvre et s’en va avec.
Après deux ou trois expériences frustrante, le singe désigne
au porteur de chapeau le cache sous le quel il n’y a rien du tout : il a
appris à mentir.
(2) Lire le livre d’Emmanuel Carrère L’adversaire suivi du film de Nicole Garcia avec Daniel Auteuil
dans le rôle principal
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