Ce n'est pas
que j'aie peur de la mort, je veux juste ne pas être là quand ça arrivera.
Woody Allen – Newsweek, 1975
- On n’a pas
peur de mourir, on a seulement peur de ne plus vivre.
- La mort, on
ne la connaît que par les évènements qui la provoquent ou par les phénomènes
qui l’accompagnent. Que se passe-t-il dans la conscience qui s’éteint ?
Mystère.
- Derrière la
plaisanterie de Woddy Allen se cache une certitude : ce que je sais la
mort vient toujours de la mort des autres, celle qui frappe à côté de moi, que
je vois et que je ressens comme pouvant être la mienne, mais qui justement ne
l’est pas. Parler vraiment de notre
mort, c’est impossible, parce que, voyez-vous, Woody Allen a raison : quand
elle arrivera, nous ne serons pas là pour en parler.
Tout cela est
bel et bon, mais on fait fi d’une réalité : celle du « vieillir ». Vieillir, c’est avoir
un commerce rapproché avec le trépas ; c’est apercevoir l’horizon ultime de
la vie se rapprocher, le champs de l’avenir rétrécir ; c’est se
dire : les prochaines élections présidentielles – oui, je vais m’y
intéresser, parce que j’imagine que je serai là pour voter. Par contre les
suivantes – en 2022 – alors là je ne les sens pas du tout…Spontanément, les
vieillards se mettent en mode « court-terme » : ils vivent au
jour-le-jour car c’est là que le sol leur paraît solide sous leurs pas.
Oui, mais
demain ? Comment se débarrasser de cette angoissante interrogation :
où serai-je demain ? Serai-je seulement ?
--> Pour
domestiquer l’avenir, le court-terme est insuffisant : il faut le
neutraliser, faire en sorte qu’on n’en ait plus besoin.
Chaque matin,
s’occuper des petits enfants qui partent à l’école, boire un petit verre de vin
à midi et taper le carton avec les copains l’après-midi : à chaque jour les
mêmes joies, les mêmes petits bonheurs. Ainsi, à chaque jour nouveau, c’est un
jour ancien qui revient : l’avenir ne sert plus à rien – bon
débarras !
C’est le
sempiternel retour du même : ça pourrait durer des siècles comme ça, et
c’est ce qui nous console de devoir mourir bientôt. C’est ce que nous disait
Marc-Aurèle :
« Il faut donc se souvenir … que toutes les
choses sont éternellement semblables et recommençantes et qu’il n’importe pas
qu’on voie les mêmes choses pendant cent ou deux cents ans ou pendant un temps
infini » (Marc Aurèle – Cf. le texte ici)
No comments:
Post a Comment