J'ai supporté
les infidélités de mon mari tant que j'ai aimé mon amant.
Marcelle Auclair – Connaissance de
l'amour (1960)
Voyez cette
photo : dites-moi s’il y a selon vous une victime parmi ces trois
personnages ?
Oui, bien
sûr, c’est la pauvre fille en jupe, qui est toute amour, confiance et abandon,
et qui est doublement trahie, et par son faux amoureux et par sa copine.
L’infidélité
a ceci de particulier que c’est une situation asymétrique : il y a le
trompeur et la trompée (et réciproquement, bien sûr). Supposons que notre
pauvre victime ait par ailleurs un autre amoureux qui l’attende : il
s’agirait alors (comme le suppose notre citation) d’une double tromperie, deux
infidélités en quelque sorte « croisées », où la déception de
l’inconstance de l’autre serait dédommagée par celle qu’on lui inflige.
Admettons, pourquoi pas ? Mais ça ne marcherait qu’à une condition : qu’on
prenne soin que l’autre ne le sache pas, car le secret est un élément
déterminant du plaisir apporté par l’infidélité amoureuse.
Inversement,
supposez que la fille en jeans soit à gauche du garçon et qu’elle appuie sa
tête sur son épaule, de façon bien visible pour l’autre : on n’aurait plus
alors qu’un cas de deux filles amoureuses du même garçon et qui s’accordent
pour le partager. Peut-être pas banal, mais enfin personne ne parlerait ici
d’infidélité. Car l’infidélité suppose mensonge et trahison, elle suscite soupçon
et surveillance jalouse.
Osons le dire :
les amoureux infidèles sont des traitres, ils trahissent la confiance mise en
eux et ils ne méritent aucune indulgence.
… A moins
d’avoir été envouté par un philtre comme Lancelot le brave chevalier.
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