Quand vous êtes en colère,
comptez jusqu'à quatre. Quand vous êtes très en colère, jurez.
Mark Twain – Le calendrier de Pudd'nhead Wilson
La colère se passe en disant
l'alphabet.
Proverbe français
Les larmes diminuent l'intensité
de la colère.
Massa Makan Diabaté – Le Boucher de Kouta
« Bon de colère » - A retrouver
ici
La colère, courte furie,
brève folie, dont on voudrait sortir au plus vite, parce que l’homme en colère
ne se gouverne plus, ce qui est un grave inconvénient. Comment faire ?
Selon nos Citations-du-jour
on peut trouver deux méthodes, l’une consistant à dériver notre attention vers
un autre occupation (compter ou réciter l’alphabet) et l’autre à extérioriser
notre surcroît de tension : froisser un papier (plutôt que de jeter à
terre un vase de cristal), jurer ou pleurer. Au fond aucun de ces actes n’est significatif
en lui-même ; en dehors de la colère ils pourraient choquer, mais dans le
contexte de cette fureur, seul le résultat compte : faire chuter la
tension.
Si l’on veut dépasser
l’empirisme des méthodes, il faut plutôt
se tourner vers la passion dont la colère serait un exemple. C’est Alain qui,
dans le sillage de Platon et de Descartes, a le mieux inventorié ces passions
qui nous dominent, l’idée étant qu’elles résultent d’une prise de contrôle de l’âme par le corps, comme lorsque la colère attire
le sang à notre tête, brouille notre vue, fait trembler nos mains etc.
La passion est une maladie de
l’âme dit Alain, parce qu’elle qu’en prenant le gouvernail de notre être à sa
place, elle nous met, comme on dit couramment, hors de nous : la passion est
dépourvue d’intellect, elle obéit une mécanique qu’elle nous fait subir. C’est
ainsi que selon Platon l’homme tyrannique entre en fureur, perdant tout repère,
s’affranchissant de toutes les limites ; cet homme n’hésite alors même pas
à porter la main sur sa mère si son désir est à ce prix. (Platon, RépubliqueIX, 571a-576c). La passion est alors un grand malheur pour ceux qui vivent avec
lui, mais c’est aussi un malheur pour cet homme lui-même. Malheur dont il est
responsable, parce qu’on ne peut succomber qu’à condition d’y avoir consenti –
à moins d’être l’objet d’une malédiction divine comme Phèdre prise malgré elle
dans la fureur de la passion amoureuse.
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