La différence
est que le bon s'ordonne par rapport au tout, et que le méchant ordonne le tout
par rapport à lui. Celui-ci se fait le centre de toutes choses l'autre mesure
son rayon et se tient à la circonférence.
Jean-Jacques Rousseau – Emile ou De
l'éducation (1762), IV
(Ceux) qui essaieront de montrer que leur
existence était nécessaire, alors qu'elle est la contingence même de
l'apparition de l'homme sur la terre, je les appellerai salauds.
Sartre – L'existentialisme est un
humanisme
Anouk Ricard, illustration pour
« Questions des tout-petits sur les méchants » de Marie Aubinay
(Publié dans Libé du 27/11 p.13)
Deux
questions complémentaires :
- Existe-t-il
des gens vraiment méchants ?
- Comment de
défend-on des (vraiment)
méchants ?
Kant pensait
que le méchant vraiment méchant, celui du mal radical, qui veut le mal en tant
que mal, qui veut faire le mal sans plaisir, sans affect, par respect pour lui, n’existe pas parce que le mal ainsi
défini est le mal radical et qu’il est
aussi inaccessible à l’être humain que le souverain bien : l’homme a un
comportement qui est toujours teinté d’espoir ou de plaisir (être valorisé par
son acte mauvais, éprouver du plaisir parce qu’on est un sadique etc.).
Serions-nous ainsi
délivrés des méchants ? Pas si sûr : si l’on veut comprendre les gens
vraiment mauvais, il faut recourir à Rousseau et Sartre ; selon ce
dernier, le « mauvais » ou si l’on préfère le « salaud », est celui pour qui les
autres ne sont rien de plus qu’un objet – ou qu’un animal – dont ils peuvent
disposer à leur guise. Leur vie, leur liberté, est, comme le dit Rousseau, au
centre du monde, tout s’ordonne par
rapport à eux et ils disposent de tous les autres humains comme d’instrument
pour leur satisfaction. On a là un tableau qui fait penser au pervers
narcissique, à cette différence que cette jouissance-là n’est pas nécessairement le moteur de leurs actes.
Même s’ils n’éprouvent pas de la jouissance à faire souffrir ils le feront si
c’est la condition pour obtenir leur contentement.
Bref :
il y a beaucoup plus de salauds que de
pervers. Et ça, c’est quand même une bonne nouvelle !
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P.S. Je
m’aperçois que je n’ai pas répondu à la question : comment se défend-on
des méchants ?
Bon, revenez
demain.
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