Le gouvernement populaire n'appartient pas aux hommes
instruits ou de mœurs irréprochables, mais aux ignorants.
Aristophane
– Les chevaliers
- Question : Accepteriez-vous un gouvernement et un
parlement non élus, composés uniquement de gens payant l’ISF, de gros
actionnaires du CAC 40 et de quelques généraux ?
- Réponse : Avec les élus on est à peine mieux lotis
...
On est dans l’exposé des travaux d’Etienne Chouard, qui propose que les citoyens réécrivent la constitution et que pour cela
ils soient choisis par tirage au sort.
Donc – Le
gouvernement populaire appartient … aux ignorants : oui, ce sont les
ignorants qui doivent, peut-être pas gouverner, mais instituer le cadre
constitutionnel du gouvernement et le contrôler. Précisons que par « peuple ignorant » on ne suppose pas
que le peuple soit composé de demeurés, mais simplement qu’on le décharge de l’obligation
de connaitre les aspects de plus en plus complexes et techniques des mesures à
mettre en place pour évaluer l’impact des lois votées par le pouvoir législatif.
Cette proposition ne risque-t-elle pas de dériver vers le
populisme ?
- L’avantage de ce choix est qu’il prend le peuple tel qu’il
est sans subordonner l’exercice de la démocratie à une maturité populaire
inaccessible – du moins dans un bref délai.
La démocratie populaire, comment ça marche ? Au lieu de
risquer le césarisme (Bonaparte après la Révolution) parce qu’on doit attendre
que le peuple soit éduqué, demandons-lui strictement de trancher politiquement
sur ce qui est à sa portée, c’est à dire d’énoncer
ses besoins. D’ailleurs, c’est exactement ce que Rousseau préconisait dans
le Contrat social : à la fois
que le peuple tout entier décrète les lois (démocratie directe) ; et
en même temps que celles-ci assurent la
satisfaction des besoins les plus élémentaires, ceux justement que le peuple le
plus pauvre ressent. Certes, les mesures capables de les satisfaire demandent
de l’expertise et de la science que le pauvre peuple ne possède pas ; mais
c’est à l’exécutif qu’il appartient de les trouver, et pour Rousseau, ce
dernier ne relève pas de la démocratie directe. Par exemple, l’éducation
obligatoire pour tous, peut-être décrétée, mais ce ne sont pas les citoyens qui
vont se faire instituteurs.
On voit que le populisme n’a pas de prise sur cette
organisation, le pouvoir législatif étant dévolu à la souveraineté populaire.
- On n’arrive pas à y croire : il y a un loup quelque part sans doute ?
- Eh bien oui ! Rousseau disait que le peuple devait
débattre sans jamais être influencé par quiconque, afin que son opinion ne porte
pas les intérêts d’un groupe particulier. Or de nos jours c’est partout et à
tout moment que ces influences s’exercent (médias, réseaux sociaux). Ainsi
voter pour tel candidat – quelque soit son parti – c’est à coup sûr aider
quelqu’un à s’enrichir ou a gagner de l’influence le permettant.
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