Les hommes jeunes sont traumatisés par l'obligation, que
leur impose la permissivité, de faire tout le temps et librement l'amour.
Pier
Paolo Pasolini – (Voir texte complet en annexe – Il s’agit de la suite du
commentaire de ce texte)
Pasolini fait dans ce texte l’éloge de la chasteté, et le
voilà donc expliquant que celle-ci est moins traumatisante pour les hommes que
la permissivité. La jeune fille qui dit : « Pas de ça monsieur »
et moins perturbante que celle qui dit : « Baise-moi. » (1)
Dans l’ensemble du texte de Pasolini (Cf. Annexe), cette
phrase sonne comme un aveu : après avoir stigmatisé la liberté laissée aux
femmes de vivre leur sexualité et valorisé les chastes amitiés masculines,
Pasolini en vient à dire que la « virilité » s’émousse quand elle est
convoquée à faire ses preuves au lieu de s’imposer par la violence. La virilité
va bien avec le viol, pas avec la communion des jouissances : l’obligation
de faire jouir la partenaire, voilà ce qui traumatise le mâle…
On comprend bien sûr que les femmes aient envie de prendre
les hommes au mot quand ils réclament du sexe : « Tu en
veux ? OK, viens par ici Chéri ! » – les voilà pris au
piège de leur prétention. « Non ? Tu te sauves en prétextant que tu
as du travail qui t’attend ? »
- Par ici, les Chiennes de garde ! Venez mordre ces
lâches – attrapez-les par les parties viriles et trainez-les jusqu’aux pieds de
leur femme !
Mais un peu d’empathie ne ferait pas de mal à
personne : les femmes devraient justement réaliser que de leur part, cette
demande est précisément un viol qu’elles infligent au mâle. Bien sûr, loin de moi l’idée de comparer cela
à l’abjecte violence dont elles sont victimes. Mais c’est quand même une
contrainte non seulement à l’endroit du sexe (sic), mais aussi par rapport à
l’image de soi-même. De même que la femme se sent souillée par le viol, l’homme
qui perd son assurance-virilité perd du même coup la confiance qu’il avait en
lui.
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(1) On pense bien sûr au film de Virginie Despentes. En
streaming ici.
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Annexe.
« La société préconsumériste avait besoin d'hommes
forts, donc chastes. La société de consommation a besoin au contraire d'hommes
faibles, donc luxurieux. Au mythe de la femme enfermée et séparée (dont
l'obligation de chasteté impliquait la chasteté de l'homme) s'est substitué le
mythe de la femme ouverte et proche, toujours à disposition. Au triomphe de
l'amitié entre hommes et de l'érection s'est substitué le triomphe du couple et
de l'impuissance. Les hommes jeunes sont traumatisés par l'obligation, que leur
impose la permissivité, de faire tout le temps et librement l'amour. »
Pier Paolo Pasolini
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