La France a
fait la France, elle est fille de sa liberté.
Jules Michelet – Œuvres complètes
Dissertation
de philosophie. – Durée : 4h – Coeff. : 7
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cette sentence de Michelet en analysant la notion de liberté qui s’en dégage et
en donnant un exemple historique.
(Introduction) – A l’heure où l’identité
française est au centre de débats idéologiques, on se dispute pour savoir si
cette identité inclue la race, la religion, un passé rempli de héros, etc.
Faut-il prendre au sérieux ces débats, ou bien devrions-nous plutôt nous
demander si cette identité ne transcende pas ces composants, si se déclarer
français ne relève pas d’une décision arbitraire mais souveraine. Si la France
est fille de sa liberté, a-t-elle
besoin de « wasp » à la française – ou bien de sans-culottes ?
Qui sont donc les français qui ont fait la France – et qui continuent de la
faire ?
(Thèse) – La France est fille de sa liberté, qui s’exerce dans le cadre
de son histoire. Etre français,
c’est se reconnaître dans les choix que nous avons faits et qui donnent aujourd’hui
les résultats que nous voyons. Mais si nous sommes libres, c’est bien parce que
nous avons le pouvoir de refuser de suivre les étapes de développement qui sont
impliquées par notre passé.
- Citation :
- « La liberté consiste à changer un acte par d’autres actes »
(Sartre)
- « La liberté c’est ce qu’on parvient à faire avec ce qu’on a fait de nous »
(Sartre)
- Exemple : nous sommes en 2050 et
les français doivent rembourser la dette de mille milliards de dollars, dette
que l’Etat français a contractée au début du siècle pour financer les comptes
sociaux et les Services publics. Allons-nous incriminer les Marchés ? Les
banquiers véreux ? Les élus responsables de la gabegie des finances
publiques ? – Point du tout ! La démocratie suppose la liberté des
citoyens dans leur choix d’élire qui bon leur semble, même s’il s’agit de
démagogues prêts à toutes les dérives pour « acheter » les électeurs.
Chaque français est donc, comme citoyen libre, responsable de la situation
politique du pays.
- Revenons en
2015. Libres et donc responsables, nous voilà devant les urnes aux prochaines
élections. Qu’allons-nous faire ? Voter pour celui qui nous assure un
avenir meilleur – en utilisant des promesses
fumeuses ? Ou alors pour celui dont l’élection embêtera le plus le
parti au pouvoir ? Ou bien voterons-nous après nous être demandé : « ce
programme pour le quel on nous demande de voter, quels résultats produira-t-il
dans 20 ans ? »
(Antithèse)
– Mais qui donc se pose de pareilles questions ? Où sont les citoyens
capables de se comporter ainsi quand ils remplissent leur devoir
électoral ? Plus radicalement, quelle est donc cette France dont parle
Michelet ? Celle des insurrections populaires ? Celle des 200
familles ? Celles des électeurs-citoyens qui hésitent entre la partie de
pèche et le détour par l’isoloir ? Parce que, si c’est le cas, ne nous
étonnons pas si notre souveraineté passe peu à peu entre les mains des
financiers qui détiennent notre dette.
(Synthèse) – La France n’existe pas,
sauf dans les programmes d’éradication des étrangers (2). N’existent que des
français, qui sont des gens que la vie politique intéresse fort peu, et qui ne
considèrent que leur compte en banque.
Toutefois, la
crise économique a ceci de bénéfique qu’elle met à nu les tares d’un système
corrompu par l’amour du pouvoir. Ne doutons pas que l’avenir (proche si
possible) soulèvera l’inventivité populaire qui cherchera dans un sursaut
collectif une issue à leurs difficultés privées.
(Conclusion) – La France est un pays
dont l’identité est en devenir, chaque génération ajoutant un Gavroche de plus
derrière Marianne.
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(1) Par
analogie avec les « wasp » anglo-américains – Wasp : White
Anglo-Saxon Protestant, désigne les blancs américains d'origine anglaise et
protestante dont la pensée et le mode de vie furent structurels pour les Etats-Unis
(art. Wiki)
(2) C’est
brutal, je le concède, mais quand on voit à quoi sert l’Identité française, avouons que c’est tentant de le penser.
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