Un homme sans
femme ne tient pas l’hiver.
Proverbe québécois
Les nuits
d'hiver sont grandes sans livres ou sans femmes.
Proverbe Français
Nos cousins
québécois semblent plus pessimistes que nous : pour l’hiver, nous
acceptons de substituer un livre à une femme absente, par contre selon eux il
n’y a pas d’alternative : sans elle, on ne passera pas l’hiver, bon livre
ou non. Il est vrai que leur hiver est
sans doute plus long et plus terrible que le nôtre…
Si nous laissons
de côté la dureté de l’hiver, réfléchissons à cette alternative femme/livre acceptée
en France et refusée au Québec. Le livre apporte l’évasion dans un autre monde,
un autre univers. Toute notre âme est concentrée dans ce récit, affrontant les
neiges du Klondike avec Jack London, ou bien naviguant sous les tropiques avec Joseph Conrad – à moins
qu’elle soit occupée à suivre une démonstration, haletante d’impatience dans
l’attente de ses méandres suivants ; de toute façon, qu’importe :
nous ne sommes plus là, dans ce fauteuil au coin du feu.
On comprend
facilement qu’en hiver, lorsqu’à l’extérieur, la nuit, le brouillard et le
froid nous privent de tout horizon, et que notre intérieur est figé dans son
sempiternel décor, nous soyons contraints à un face à face avec nous-même.
C’est alors que les forces de l’imaginations sollicitées par le livre nous
permettent de nous évader – et donc d’attendre le dégel.
- On devine
où je veux en venir : dans le proverbe français, la présence des livres
apporte en effet un remède à l’isolement hivernal. Alors, bien sûr une femme ne
nous ferait pas sortir de nous mêmes de la même façon. Plus de chevauchées
échevelées dans les steppes d’aise
centrale ; plus de démonstrations enfiévrées. Certes, on ne supposera pas
qu’on fasse tout l’hiver avec elle des galipettes sur la peau de bête devant la
cheminée. En revanche un cocon bien douillet dans le giron de notre bonne amie
devrait suffire à nous faire endurer les rigueurs de l’hiver.
… Mais quelle
pauvreté d’imagination ! Comme si une femme n’était pas mieux qu’un livre,
elle qui peut nous offrir une aventure permanente faite de récits, de
sentiments, que nous écoutons ravis et avec les quels nous pouvons interagir.
Oui, c’est cela : la femme est le meilleur des livres parce qu’il est interactif.
Mais
alors : pourquoi nos amis québécois ne disent-ils pas « Une femme
sans homme ne tient pas l’hiver » ?
2 comments:
je vous suis complètement et le blog pour les femmes ou les hommes sans femmes permettre ce gout merveilleux connu, partagé, perdu, mais dont l’ interactivité par le blog permet de garder vivant les caractéristiques de la vie partagé dans des instants choisis qui nous aident à avancer malgré l'hiver de l'autre qui peut durer des années, néomoins au coin de chaque rue, un sourire fait surgir un sourire une parole , unehumour et çà y est on est reparti.. Beau texte maestro...
Oui, chère Frankie, nous sommes bien obligés de le reconnaître : sans interactivité, nous ne sommes plus grand chose. D’ailleurs ce mot apparemment nouveau, reprend largement l’idée d’échange ou de partage qui dans le domaine des idées est un enrichissement : nous pouvons échanger des idées sans perdre celles que nous communiquons et en nous accroissant de celles qu’on nous donne.
Le bonheur de créer ne serait pas complet sans cette possibilité de communiquer, et le monde virtuel est un progrès décisif dans ce domaine.
Je vous embrasse, chère Frankie ,
Jean-Pierre
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