L’amour ne se manifeste pas par le désir de
faire l’amour – ce désir s’applique à une multitude de femmes – mais par
le désir du sommeil partagé. Ce désir ne concerne qu’une seule femme.
Milan
Kundera
Ma mémoire me joue peut-être des tours,
mais il me semble que c’est dans l’insoutenable
légèreté de l’être que le héros de Kundera explique qu’il ne peut jamais
passer la nuit avec ses conquêtes d’un soir : dès que repu, voilà l’homme
dégouté de ce corps et qui le fuit avant de sombrer dans le sommeil. (1)
Il faut donc que quelque chose de plus fort
émane de cet être qui s’endort près de nous et dont la captation durant qu’il
sommeille permette de s’unir encore plus étroitement avec lui.
Comment cela ?
--> Voyez ce célèbre tableau :
Courbet
– Le sommeil
Ces deux amantes se sont endormies dans
l’attitude qui fut celle de leur étreinte, figées dans le sommeil (un peu comme
ces victimes de Pompéi, figées dans leur posture de cendre – voir ici ce que ça donne).
Seulement voilà : cette image nous
montre que le sommeil est un néant, quelque chose qui n’a pas de réalité
propre, qui ne peut tirer son existence que de l’acte de vie qui l’a précédé.
Or, Milan Kundera parle d’un désir :
l’amour, c’est quand on désire dormir avec la femme (l’homme) adoré(e).
J’avançais plus haut que dormir avec
quelqu’un c’était faire corps avec lui.
On devine que cette fusion est celle du monde du sommeil, celui des rêves qui
naissent en commun ou des émotions qui surgissent comme ça, on en sait d’où
venues.
Et si on ne croit pas cela possible, alors
que pour le moins on admette que dormir ensemble c’est régler sa respiration
sur celle de l’autre, respirer d’un seul souffle.
- Et quand il ronfle ?
- Quelle lourdeur d’esprit ! Aimer
c’est être capable de ronfler avec l’être-chéri.
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(1) Voir ici
l’image de ce que ça donne.
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