Je maintiens qu’il faut qu’il y ait des malheureux dans le
monde, que la nature le veut, qu’elle l’exige, et que c’est aller contre ses
lois en prétendant remettre l’équilibre, si elle a voulu du désordre. […]
L’univers ne subsisterait pas si la ressemblance était exacte dans tous les
êtres ; c’est de cette dissemblance que naît l’ordre qui conserve et qui
conduit tout.
Sade
– Les 120 journées de Sodome
Commentaire
1 –
A la question « Faut-il
qu’il y ait des malheureux dans le monde ? » (1) beaucoup
répondront par la négative, mais ils ajouteront que le monde continue de
tourner pourtant, bien qu’il y en ait beaucoup. Si la nature le veut, et même
si c’est mal, laissons faire – de toute façon nous n’y pouvons rien – rien
d’autre que bouleverser et rendre pire ce qui est déjà mauvais. Un
exemple ? Donnez des médicaments aux africains subsahariens ; sauvez
les lépreux et les tuberculeux ; éradiquez les épidémies et les
moustiques ; évitez aux bébés de mourir en bas âge et aux femmes en
couches de se vider de leur sang. Maintenant que se passe-t-il ? Les
populations s’accroissent, les bouches à nourrir se multiplient – mais les ressources
s’accroissent-elles ? Avez-vous les moyens de fertiliser les
déserts ? D’enrichir le peuple pour qu’il achète au loin de quoi survivre ?
Bon : laissons faire et donnons des sous à Médecins sans
frontières…
- Mais nous n’avons pas encore tout lu dirait-on : car
ce que dit Sade, c’est il faut qu’il y
ait des malheureux parce que la Nature le veut ! Qu’importe que ce
soient les africains ou les chinois – ou nous mêmes ? La nature a horreur
de l’uniformité : que tout le monde soit également heureux, et c’est le
désordre.
Vous ne croyez pas Sade ? Regardez un peu : si
tous les chinois et tous les indiens veulent avoir leur auto, imaginez un peu
ce que ça va faire à la Planète ? Alors, pensez : si les africains
subsahariens s’y mettent !
La
suite à demain, si vous le voulez bien…
------------------------------------------
(1) A ma connaissance cette question n’a pas été soumise à
la sagacité des nos candidats bacheliers. C’est un tort.
No comments:
Post a Comment