Nu
sur un cheval nu
sous la pluie tombant à verse
Kobayashi
Issa (R. Munier) - Haïku d'été
« Nu
sur un cheval nu
sous la pluie tombant à verse
- La
répétition de l'adjectif nu amplifie l'impression de chaleur, préparant ainsi
la séquence sous la pluie tombant à verse. Il est clair que nous sommes en été »
Commentaire à lire ici.
Voici l’été qui arrive, voici ces jours à n’en
plus finir, ces chaumes et ce soleil brûlant, ces odeurs de foin… Bref, tous
les sens sont convoqués pour faire vivre à travers nos sensations cette
impression d’être en été.
Et puis, voici un haïku, fièrement désigné comme
« haïku d’été » - et que nous dit-il ? Que l’été, c’est être nu
sur un cheval sous la pluie.
- Eliminons d’abord les contre sens dus à notre
culture : nu, sur un cheval, c’est l’histoire de Lady Godiva dont je vous
contais l’héroïsme dans le post du 9 mars 2014. Seulement c’est l’image de la
femme nue qui s’impose comme on le voit ici :
Non, n’est-ce pas, ça ne colle pas !
Inutile d’imaginer une femme nue pour vivre une sensation d’été. C’est
l’expérience intime de notre propre corps faisant corps avec celui du cheval
qui est sollicitée par le haïku ; sensation
redoublée par celle de la pluie tombant sur ce corps exposé sans la protection des
vêtements.
Certains conclurons hâtivement que la pluie fait
partie des attributs de l’été et voudront ironiser : « Pourquoi se
lamenter s’il pleut sur nos vacances ? C’est dans l’ordre de la
nature ! ». Mais ce n’est pas cela (si l’on en croit notre
commentateur) : la pluie nous donne une expérience de la nudité, parce qu’elle
nous révèle à nous mêmes l’extérieur de notre peau – comme le soleil qui la
brûle, comme le vent qui la fait frissonner. La peau est une interface entre
nous et les éléments de la nature, tout comme elle est une interface entre nous
mêmes et les autres ainsi que nous le révèle l’expérience de la caresse. Mais
cela nous l’avons bien des fois développé, n’y revenons pas !
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