Friday, October 13, 2017

Citation du 14 octobre 2017

Dans le mariage, le mari et la femme se vendent vertueusement ; et de même qu'en grammaire, deux négations valent une affirmation, on peut dire qu'en négoce conjugal, deux prostitutions valent une vertu.
Charles Fourier – Théorie de l'unité universelle (1822-1823)

Deux prostitutions valent une vertu…
J’avoue avoir retenu la citation de Fourier pour cette formule difficile à entendre mais dont on sent qu’elle dit quand même quelque chose de fort.
Analysons :
            1 – Le mariage est un négoce où chacun des époux reçoit de l’autre quelque chose qui peut se vendre (et non l’amour ou la tendresse qui ne s’achetant pas, ne peuvent être l’objet d’un tel échange). Ainsi de propriétés, d’héritage, de protection, de soins ménagers etc…  (1)
           2 – Le négoce fait du mariage une forme de prostitution dans la quelle chacun se considère face à l’autre comme une marchandise au point que le mariage pourrait être annulé si le contrat a été faussé : par exemple, il n’y aurait pas de différence entre la prostituée qui ne réalise pas la performance payée et l’épouse stérile (2).
            3 – Mais tout cela passe inaperçu parce que le mariage est un sacrement religieux qui sanctifie le lien qui relie les époux
            4 – « Deux prostitutions valent donc une vertu » : on résiste à cette idée ; toutefois en tenant compte de celles-qui nous préoccupent, on pourrait les considérer comme une forme de  prostitution qui serait devenue acceptable parce qu’on a l’habitude de faire du mariage une vertu. À moins que l’algèbre grammaticale de Fourier soit la seule justification de tout cela ?

…Mais je vois encore des mines renfrognées : le mariage me dit-on c’est un acte qui magnifie l’amour qui au lieu de rester secret prend la forme d’une promesse faite devant témoins.


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ainsi donc, que le mariage ait des formes juridiques, qu’il comporte même des obligations réciproques, tout cela ne change rien à la promesse intime que se font les époux, les yeux dans les yeux. La loi vient pardessus-le-marché !
Vous l’aurez remarqué : j’ai subrepticement échangé la dénomination du mariage – de contrat consenti devant les autorités civiles et religieuses, le voici promesse échangée « les yeux dans les yeux ». Et ça n’est sûrement pas la même chose !
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(1) On notera qu’en effet l’amour ne fait pas partie de ce système de troc, sauf quand il se limite à une prestation sexuelle.

(2) J’ai le souvenir d’un tribunal de France accordant le divorce à un homme dont l’épousée n’était pas vierge comme promis.

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