L’amour n’est
pas une relation sociale. Ça ne se dit pas, ce sont des choses qui ne se disent
pas. L’amour n’est traduit qu’en silence ou en cri.
Camille Laurens – Dans ces bras-là
Que l’amour
soit indicible en dehors du cri, voilà ce que chacun sait pour l’avoir
expérimenté. Mais que par conséquent l’amour soit exclu des relations sociales,
voilà qui paraît surprenant.
- Certes,
dire que l’amour est exclu des relations sociales, n’est pas nouveau. Ainsi
Freud disait-il que la libido ne peut être à l’origine de la société, mais
seulement du couple hermétiquement refermé sur lui-même. Il en concluait que le
refoulement de la pulsion sexuelle était inévitable et avait sans doute accompagné
le développement de l’espèce humaine, car dans la mesure où celle-ci nécessite
la société, elle suppose aussi le refoulement.
Il est très
intéressant d’observer que cette caractéristique de l’amour est restée toujours
active : aujourd’hui comme autrefois, tout au fond du paléolithique (et
même avant ?) l’amour n’a pas suivi la logique de la vie
collective. Il n’a certes pas eu besoin de s’y opposer frontalement, car
il ignore tout de la vie sociale pour une raison très simple : l’amour
suit la logique du désir et le désir ignore l’autre, il est capture et
consommation de l’objet qui lui manque.
Après le brame…
- Mais
l’amour est-il bien ce rut bestial par le quel le mâle enfourche la
femelle ? En tout cas, pour notre Auteure-du-jour l’amour est un peu plus : il
n’est pas seulement a-social parce qu’il n’a pas eu besoin d’investir le
langage pour y creuser son sillon ; mais plus fondamentalement il est une expérience si personnelle qu'elle en est indicible et incommunicable - donc incapable de soutenir une relation sociale.
… L’amour est
bien autre chose, mes amis, vous le savez. Il est ce par quoi le « je » n’existe que dans la fusion au
« tu » – ce qui fait que ce
« tu » ne peut en aucun cas
devenir un « nous ».
No comments:
Post a Comment