L’avare crierait famine sur un tas de blé.
Proverbe
français
Si, au lieu de gagner beaucoup d'argent pour vivre, nous
tâchions de vivre avec peu d'argent.
Jules
Renard
Qui ne mange pas n’a pas besoin de travailler.
H-D
Thoreau - Walden p. 256
(Sur
ce sujet on se reportera à la Citation du 13-12-2012)
Un peu de sagesse populaire, ça vous dit ? Car un
proverbe – français, notez-le – dit ce que tout le monde sait mais ne dit pas.
Sans doute parce que c’est trop évident ; à moins que ce soit parce qu’on
s’efforce de nous le faire oublier ?
Oui, n’est-ce pas ? C’est bien cela : ne pas voir
que l’avare n’aura jamais assez d’argent, que ce n’est pas la perte de son
trésor qui l’inquiète le plus : c’est de ne pouvoir l’augmenter. Le
personnage d’Harpagon lorsqu’on lui vole sa casette est comique dans son
désespoir, certes. Mais cela ne doit pas faire oublier qu’il est du début à la
fin occupé à en avoir toujours plus.
Oui, « toujours
plus » telle serait la devise de l’avare, mais aussi celle du
capitaliste pour qui le capital est une somme d’argent qui s’investit pour
revenir grossie de la plus-value. (1)
Mais voilà : notre monde est tellement envahi des
soucis du capitalisme qu’on en oublie le souci réciproque : et si on cherchait
plutôt à faire plus avec moins ? Ou si l’on veut : si nous ne cherchions pas à
gagner plus, mais plutôt à bien vivre avec moins. Suivons Thoreau qui a
là-dessus un point de vue radical : mangez moins vous aurez moins à
travailler pour vivre. Point de vue qu’on peut adapter au monde
moderne : par exemple, vous en connaissez, vous, des gens qui n’ont pas de
portable parce qu’ils sont trop pauvres ? Moi, je remarque que tout le
monde en a un – ce qui peut vouloir dire qu’il l’a volé, certes; mais de toute façon
il lui faut maintenant acquitter l’abonnement.
Bref : demandez-vous si vous n’êtes pas déjà trop
riche, ce qui revient à chercher de quoi
avez-vous absolument besoin et combien ça coûte (2). Après, c’est à vous de
voir si vous voulez continuer à travailler toujours autant ou si vous souhaitez
vous offrir du farniente.
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(1) On a ici même souvent évoqué cette formule de
Marx : nous nous contenterons de cette allusion.
(2) Je voyais hier un doc sur un jeune homme, archéologue
expérimental, qui arpente les forêts désertes du Yukon (Canada) en vivant selon
les techniques des chasseurs-cueilleurs du néolithique. Il disait qu’il avait
appris ainsi à vivre en satisfaisant ses besoins avec les
« fondamentaux » et que vraiment ça ne coutait rien. Même chose chez
Thoreau, qui décrivant son expérience au fond des bois (Walden ou la vie dans les bois) donne des pages entières de comptes
pour qu’on voit bien ce qu’il avait dépensé pour un an de vie en ermite, et
pour nous faire constater que c’était extrêmement réduit.
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