Ce qui
m'ennuie, ce n'est pas seulement de devoir mourir, mais l'idée qu'il n'y aura
un jour absolument plus d'hommes. Faut-il donc n'avancer si loin dans
l'histoire que pour mieux sauter dans l'anéantissement ?
Paul Nizan – La conspiration
Nizan :
voilà un humaniste ! Quelqu’un qui ne se soucie pas seulement de lui-même,
pas non plus seulement de ses enfants ou de ses petits enfants. Non : il
se soucie aussi de l’Humanité ; des générations à venir dans les siècles
des siècles. Et dans cet avenir il voit se profiler la grande, l’ultime
extinction qui anéantira l’espèce humaine. On pourrait paraphraser
Valéry : Nous autres humains, nous
savons à présent que notre espèce est mortelle… Homme de Neandertal, de
Florès, d’Heidelberg, ne sont plus que des os emprisonnés dans des
sédiments : et nous ? Dans combien de temps serons-nous comme
eux ? Et y aura-t-il dans ce lointain futur une autre espèce humaine prête
à reprendre le flambeau de l’humanité ?
- Et
vous ? Oui, vous qui, calé dans le
RER, me lisez confortablement sur l’écran scintillant de votre
Smartphone : allez-vous verser une petite larme sur ce grand
anéantissement des humains ? Sur
ces hommes agonisant en suffoquant dans l’air empesté par leurs machines – ou
tombants en lambeaux dans l’enfer des déflagrations nucléaires ? Sur ces
femmes serrant sur leur poitrine flasques des nourrissons squelettiques ?
Otto Dix – La folle de
Sainte Marie en Py
(Durant la Grande Guerre,
Otto Dix dessine les atrocités qu’il observe, comme cette femme devenue folle
de douleur qui arrose de son lait son nourrisson qui gît, mort, à ses pieds)
Prenez un
instant pour y réfléchir : tâchez de vous pénétrer de la situation :
en éprouvez-vous un serrement de cœur, quelque chose qui vous mouille les
yeux ? Ou bien songeant à ce qui arrive en ce moment, vous
dites-vous : « Hé bien, plus d’hommes : plus de pesticides – ce
sont les abeilles qui vont être contentes. Et en plus, mis à part les ours il
n’y aura plus personne pour leur faucher leur miel ! »
Mais non – après un lent et long effort de réflexion, vous voilà à relever la tête avec une lumière de joie dans les yeux : « Si l’humanité doit disparaître, plus besoin de se priver pour laisser à nos descendants une planète propre, des ressources suffisantes et des finances saines.
Que la fête commence ! »
Mais non – après un lent et long effort de réflexion, vous voilà à relever la tête avec une lumière de joie dans les yeux : « Si l’humanité doit disparaître, plus besoin de se priver pour laisser à nos descendants une planète propre, des ressources suffisantes et des finances saines.
Que la fête commence ! »
No comments:
Post a Comment