Sunday, October 15, 2017

Citation du 16 octobre 2017

Peut-être les sexes sont-ils plus proches qu'on ne le pense ; la grande innovation mondiale consistera sans doute en ce que l'homme et la femme, affranchis de tous les sentiments erronés et de toutes les répugnances, ne se chercheront plus comme des contraires s'attirent, mais comme des frères et des sœurs, comme des voisins qui s'uniront comme des êtres humains pour simplement, gravement et patiemment assumer en commun cette sexualité difficile qui leur échoit.
Rainer Maria Rilke – Lettres à un jeune poète Lettre du 16 juillet 1903.
Maîtriser à  fond le système,  / Accéder au pouvoir suprême : / S'installer à  la Présidence  / Et de là  faire bander la France.
Michel Sardou – Etre une femme (chanson : paroles ici)

« … ne plus se chercher comme des contraires /qui/ s'attirent, mais comme des frères et des sœurs, comme des voisins qui s'uniront comme des êtres humains » Le poète a toujours raison comme dit la chanson ; en tout cas c’est cela sans doute que les conquêtes du féminisme nous enseignent comme étant le meilleur. Car, depuis 40 ans que s’est-il passé ? Rappelez-vous : nous sommes en 1980. Michel Sardou chante la Femme des années 80, qu’il imagine agressive et puissante mais avec une féminité exacerbée. La femme devient Présidente s’installe à l’Elysée et de là « fait bander la France ». La femme est bien un sujet qui exerce le pouvoir mais elle reste malgré tout un objet sexuel : finalement rien n’a vraiment changé par rapport au passé (avec un bémol : les femmes on maintenant le droit de considérer l’homme également comme objet sexuel). Pour le dire autrement l’égalité homme/femme n’empêche pas que pour les hommes la femme apparaisse d’abord sous l’angle de la proie.
Or, voilà ce qui change à présent : dans un certain nombre de cas, les femmes apparaissent comme des sujets qui exercent une certaine fonction par rapport à la quelle rien de leur être sexué n’apparaît plus comme déterminant. Ne plus se demander si le chef est une femme ou un homme quand il s’agit de juger de son action, de ses choix, de ses ordres ; ne plus rêver comme Sardou autrefois d’un « PDG en bas noirs / sexy comm’autrefois les stars »
L’idée de Rilke, c’est qu’entre l’homme et la femme, l’union la plus profonde n’est pas l’union sexuelle, mais l’union humaine. Ce qui n’exclut pas l’affectivité : on peut se sentir plus proche intellectuellement et affectivement d’une femme en raison du charme qu’elle irradie ; mais ce ne sera plus sur le mode de la proie à capturer.

Reste encore à le préciser : ce que Rilke nous propose est encore plus mystérieux, car cette union devra assumer aussi la sexualité. Et là en arrive-t-on à l’idée d’un orgasme « fraternel » ?

Ne me demandez pas de quoi il s’agit : j’ai déjà évoqué (ici) l’orgasme mystique : je n’irai pas plus loin.

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