Peut-être les
sexes sont-ils plus proches qu'on ne le pense ; la grande innovation mondiale
consistera sans doute en ce que l'homme et la femme, affranchis de tous les
sentiments erronés et de toutes les répugnances, ne se chercheront plus comme
des contraires s'attirent, mais comme des frères et des sœurs, comme des
voisins qui s'uniront comme des êtres humains pour simplement, gravement et
patiemment assumer en commun cette sexualité difficile qui leur échoit.
Rainer Maria Rilke – Lettres à un jeune
poète Lettre du 16 juillet 1903.
Maîtriser
à fond le système, / Accéder au pouvoir suprême : / S'installer
à la Présidence / Et de là
faire bander la France.
Michel Sardou – Etre une femme
(chanson : paroles ici)
« … ne plus se chercher comme des contraires
/qui/ s'attirent, mais comme des frères et des sœurs, comme des voisins qui
s'uniront comme des êtres humains » Le poète a toujours raison comme
dit la chanson ; en tout cas c’est cela sans doute que les conquêtes du
féminisme nous enseignent comme étant le meilleur. Car, depuis 40 ans que
s’est-il passé ? Rappelez-vous : nous sommes en 1980. Michel Sardou
chante la Femme des années 80,
qu’il imagine agressive et puissante mais avec une féminité exacerbée. La femme
devient Présidente s’installe à l’Elysée et de là « fait bander la France ». La femme est bien un sujet qui exerce
le pouvoir mais elle reste malgré tout un objet sexuel : finalement rien n’a
vraiment changé par rapport au passé (avec un bémol : les femmes on
maintenant le droit de considérer l’homme également comme objet sexuel). Pour
le dire autrement l’égalité homme/femme n’empêche pas que pour les
hommes la femme apparaisse d’abord sous l’angle de la proie.
Or, voilà ce
qui change à présent : dans un certain nombre de cas, les femmes
apparaissent comme des sujets qui exercent une certaine fonction par rapport à
la quelle rien de leur être sexué n’apparaît plus comme déterminant. Ne plus se
demander si le chef est une femme ou un homme quand il s’agit de juger de son
action, de ses choix, de ses ordres ; ne plus rêver comme Sardou autrefois
d’un « PDG en bas noirs / sexy
comm’autrefois les stars »
L’idée de
Rilke, c’est qu’entre l’homme et la femme, l’union la plus profonde n’est pas
l’union sexuelle, mais l’union humaine. Ce qui n’exclut pas
l’affectivité : on peut se sentir plus proche intellectuellement et affectivement
d’une femme en raison du charme qu’elle irradie ; mais ce ne sera plus sur
le mode de la proie à capturer.
Reste encore
à le préciser : ce que Rilke nous propose est encore plus mystérieux, car
cette union devra assumer aussi la sexualité. Et là en arrive-t-on à l’idée
d’un orgasme « fraternel » ?
Ne me
demandez pas de quoi il s’agit : j’ai déjà évoqué (ici) l’orgasme mystique : je n’irai pas plus loin.
No comments:
Post a Comment