Mahatma Gandhi -
Lettre à l'âshram (texte complet en annexe)
Il y a cent à parier contre un, que le premier qui porta
des sabots était un homme punissable, à moins qu’il n’eut mal aux pieds.
Rousseau - Dernière réponse (à monsieur Bordes)
Commentaire II
Après la notion de limite, prenons donc celle de
civilisation sur la quelle nous avons buté hier.
« La véritable
civilisation nous dit Gandhi, nous
apprend à limiter volontairement nos besoins. »
Déjà, observons que les besoins dont nous parlons ne sont
pas ceux dont la nature nous a dotés : ça n’aurait aucun sens de dire
qu’il nous faut limiter nos besoins de nourriture, de boisson, d’abri et de
sécurité – puisqu’il nous faut bien ça pour vivre ! Gandhi vise
l’évolution des moyens de satisfaire ces besoins et qui deviennent à leur tour
des besoins autonomes. Sont concernés les besoins qui naissent du fait des
habitudes, de l’obéissance à des modes devenus tyrannies, d’imitation des
voisins etc.
Pour vous en persuader, il suffit de comparer le Salle de bal du Palais de Catherine de
Russie avec la Danse paysanne de
Brueghel.
Seulement, voilà : comment la civilisation fait-elle
pour délimiter ainsi nos besoins ? Selon notre seconde Citation-du-jour,
cette limite était pour Rousseau radicale : nos pieds n’ont besoin de rien
pour marcher, pas même de sabots : ceux-ci sont donc un luxe dont il
convient de se passer. Mais en même temps, Rousseau admettait que nous étions
sortis de façon irréversible de l’état de nature et que la vie en société était
aussi impérative – quoique corruptrice : on le sait Rousseau, est un
pessimiste Du coup, c’est toujours une négociation un peu délicate à la quelle
nous devons nous livrer pour savoir de quels « besoins » nous pouvons
nous passer. Il ne suffit pas toujours de prendre en compte notre
tranquillité ; l’écologie moderne nous soumet à une rude pression pour
revenir aux toilettes sèches et à la douche à l’eau de pluie.
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