Saturday, October 28, 2017

Citation du 29 octobre 2017

La civilisation, au vrai sens du terme, ne consiste pas à multiplier les besoins, mais à les limiter volontairement. [...] Il faut un minimum de bien-être et de confort ; mais, passé cette limite, ce qui devait nous aider devient une source de gêne.
Mahatma Gandhi - Lettre à l'âshram (texte complet en annexe)
Il y a cent à parier contre un, que le premier qui porta des sabots était un homme punissable, à moins qu’il n’eut mal aux pieds.
Rousseau - Dernière réponse (à monsieur Bordes)

Commentaire II
Après la notion de limite, prenons donc celle de civilisation sur la quelle nous avons buté hier.
« La véritable civilisation nous dit Gandhi, nous apprend à limiter volontairement nos besoins. »
Déjà, observons que les besoins dont nous parlons ne sont pas ceux dont la nature nous a dotés : ça n’aurait aucun sens de dire qu’il nous faut limiter nos besoins de nourriture, de boisson, d’abri et de sécurité – puisqu’il nous faut bien ça pour vivre ! Gandhi vise l’évolution des moyens de satisfaire ces besoins et qui deviennent à leur tour des besoins autonomes. Sont concernés les besoins qui naissent du fait des habitudes, de l’obéissance à des modes devenus tyrannies, d’imitation des voisins etc.


Pour vous en persuader, il suffit de comparer le Salle de bal du Palais de Catherine de Russie avec la Danse paysanne de Brueghel.

Seulement, voilà : comment la civilisation fait-elle pour délimiter ainsi nos besoins ? Selon notre seconde Citation-du-jour, cette limite était pour Rousseau radicale : nos pieds n’ont besoin de rien pour marcher, pas même de sabots : ceux-ci sont donc un luxe dont il convient de se passer. Mais en même temps, Rousseau admettait que nous étions sortis de façon irréversible de l’état de nature et que la vie en société était aussi impérative – quoique corruptrice : on le sait Rousseau, est un pessimiste Du coup, c’est toujours une négociation un peu délicate à la quelle nous devons nous livrer pour savoir de quels « besoins » nous pouvons nous passer. Il ne suffit pas toujours de prendre en compte notre tranquillité ; l’écologie moderne nous soumet à une rude pression pour revenir aux toilettes sèches et à la douche à l’eau de pluie.

No comments: