Thursday, December 14, 2017

Citation du 15 décembre 2017

Du moins, si nous ne faisons rien de bon, aurons-nous, peut-être, préparé et amené une génération qui aura l’audace (je cherche un autre mot) de nos pères avec notre éclectisme à nous. Ça m’étonnerait : le monde va devenir bougrement bête. D’ici à longtemps ce sera bien ennuyeux.
Flaubert – Pensées (Compilées par sa nièce Caroline Franklin Grout en 1914)

« le monde va devenir bougrement bête. D’ici à longtemps ce sera bien ennuyeux. » Cette prophétie de Flaubert, prononcée avant 1880 (date de sa mort) pourrait bien s’être confirmée depuis : quant on observe certains hommes politiques de premier plan, on se dit qu’on n’accepterait sûrement pas de partir en vacances avec eux. Je ne donnerai pas de noms, il suffit que chacun imagine la chose.
- Flaubert ne s’interroge pas seulement sur les gens qui sont « bêtes » mais plus généralement sur la bêtise. Ce qu’il veut ce n’est pas l’analyser, mais la décrire : Bouvard et Pécuchet sont à ranger dans ce projet, et bien sûr également le Dictionnaire des idées reçues.
Car en effet, analyser la bêtise est impossible : elle est d’un bloc, indécomposable en éléments simples, entièrement prise dans un jugement, une affirmation, une opinion. Tout ce qu’on peut faire c’est la désigner, la montrer. La bêtise, c’est ce que dit l’autre, et on n’est jamais assez intime avec elle pour en expliquer les rouages.
Écoutons Michel Adam, auteur d’un passionnant article sur le sujet : « Ainsi la bêtise sera toujours illic, là-bas, à distance. Elle sera principe d’emportement, car on posera qu’on n’y peut rien faire, puisque précisément elle est là-bas. On ne peut la prendre à bras-le-corps ; il faut cracher dessus : « tout cela dans l’inique but de cracher sur mes contemporains le dégoût qu’ils m’inspirent. Je vais enfin dire ma manière de penser, exhaler mon ressentiment, vomir ma haine, expectorer mon fiel, éjaculer ma colère, déterger mon indignation – et je dédierai mon bouquin aux mânes de saint Polycarpe. » - Lettre à Mme Brainne, 5 octobre 1872. (Michel Adam – Flaubert et la bêtise)
On comprend que pour Flaubert l’impuissance à changer la bêtise en intelligence ou tout simplement à la réduire au silence n’est pas un embarras : c’est même la condition pour que le dégoût misanthropique des hommes puisse s’expectorer, s’éjaculer, etc…

Bref : c’est la condition d’une jouissance.

2 comments:

FRANKIE PAIN said...

d'abord merci de votre mots sous mon texte.
magnifique intuition et perception du contenu

merci
et alors ce billet c'est si juste et colle avec les déflagrations permanentes de l'évolution dévolution
et les mots que vous employez sont
tous le registre lexical
pur bonheur de lecture
mais l'hyper réalisme
que l'on constate chaque jour d'aventage.

Que par nos blogs et les pensées de chacun nous puissions resister longtemps

çà fait peur et ceux qui y sont dedans depuis longtemps aucun espoir de les voir regrimper un peu en eux , dans leur rapport aux autres....


je vous embrasse très fort.

FRANKIE PAIN said...

et lme texte sur flaubert est la bétise
je me presserait de le lire dés que du temps je m'accorderai
je vous embrasse