Les enfants commencent par aimer leurs parents ; devenus
grands, ils les jugent ; quelquefois, ils leur pardonnent.
Oscar
Wilde / Le portrait de Dorian Gray
Etre adulte, c'est avoir pardonné à ses parents.
Goethe
(Cité le 13-5-2006)
Semaine Oscar Wilde III
Dans quelle temporalité vivons-nous ? Le passé est-il
vraiment passé, notre enfance est-elle une période révolue – et révolus en même
temps nos rapports avec nos parents ?
Car, si comme le suggèrent nos Citations-du-jour, nous conservons
le pouvoir de les juger et de leur pardonner, n’est-ce pas que quelque chose de
ce passé continue de vivre en nous, que nous continuons de souffrir de ce
qu’ils nous ont fait subir ou au contraire, en pensant à eux, ne mouillons-nous
pas de larmes psychiques le centre émotionnel de notre cerveau ?
On dira sans doute que seuls les névrosés sont dans ce cas,
et que pour les autres, ce pouvoir qui nous est attribué de revenir sur notre
passé reste une abstraction, un cas d’étude et non un évènement vécu.
C’est peut-être vrai. Mais sommes-nous si sûrs que cette
page de l’enfance soit en effet tournée, que Maman-Papa soient devenus des
ombres qui ne peuvent plus jamais coïncider avec le présent ? Déjà, leur mort
réelle ou imaginée est une déchirure sans équivalent : « C’était mon
papa… » et voici qu’à ce souvenir, sans que j’aie à réfléchir, sa main
reprend la mienne et puis qu’elle la lâche – à tout jamais… L’espace d’un court
instant, j’ai eu de nouveau cette petite main de 4 ans, j’ai senti qu’elle
était enveloppée dans cette main rude et forte de l’adulte.
Si jamais l’inconscient psychique a un sens c’est bien
celui-là, et il a le pouvoir de renaitre dans la tasse de thé mêlée de bribes
de gâteau – comme chez Proust.
Maintenant, accepterons-nous de dire qu’il est possible de
pardonner à ses parents ? Déjà, il faut admettre qu’on ait quelque chose à
leur pardonner. Mais il faut admettre aussi, comme le suggérait Bergson, que le
passé fait partie du présent, que celui-ci n’en est que le prolongement. Et
alors, comme dans les analyses de l’historien, nous verrons l’évènement que
nous avions autrefois condamné, être réhabilité aujourd’hui en fonction de ses
lointaines conséquences.
1 comment:
ne mouillons-nous pas de larmes psychiques le centre émotionnel de notre cerveau ?
Déjà, leur mort réelle ou imaginée est une déchirure sans équivalent :
ce document me touche vraiment
oui avons nous vraiment à leur pardonner. Mettre au monde , et faire avec çà... souvent on ignore tout ce que cela comporte et des impers peuvent se faire ...
oui très belle écho
avec ce beau texte que vous avez écrit sur mon blog
je vous embrasse très cher jena pierre
à bientôt et chaque jour
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