Entre le soutien-gorge et la culotte, s'étend cette brève zone de chair nue, boursouflée par les élastiques : étonnante erreur de la mode qui scie en deux le tronc féminin !
Hervé Bazin - La mort du petit cheval
Thèse : pas de sous-vêtement sans vêtements par-dessus. C’est comme ça que j’interprète la phrase de Bazin, qui de ce fait devient une épouvantable banalité
Maintenant, supposez que vous n’ayez que la fin de la citation : « qui scie en deux le tronc féminin », vous allez vous dire : tiens voilà un récit de fait divers, un sadique a encore découpé en morceau un corps de femme. Et en plus, comme pour confirmer cette hypothèse, un tronc féminin, c’est une partie du corps considéré séparément du reste. C’est comme une découpe de boucherie, par exemple la culotte de bœuf.
Alors, cette banalité, ne faut-il pas l’interpréter comme signifiant que Bazin était préoccupé par des pulsions sadiques au moment où il l’a écrite ?
Je sais bien que ce genre d’interprétation est parfaitement invérifiable et ne nous donne aucune piste sérieuse pour pénétrer son œuvre. Mais… Mais supposez que ce soit précisément cette banalité qui ait de l’importance. Je pense ici à Léo Strauss (La persécution et l’art d’écrire) qui explique que dans le cas où la censure interdit toute expression libre de la pensée (en particulier toute critique du régime politique), l’écrivain peut publier sa pensée véritable à condition de la dissimuler dans un fatras de banalités, voire même la signifier allusivement par une affirmation grossièrement erronée.
Ainsi donc, tout repose sur la renommée de Bazin, et sur le fait qu’il ait assumé la publication de son ouvrage. Il y a peut-être ici une signification à tiroir.
En disant « tiroir » comme quand on dit qu’il y a un polichinelle dans le « tiroir ».
Monday, April 09, 2007
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