Dans d’autres pays (1), les pauvres mutilent (=castrent) leurs enfants pour éteindre leur postérité, afin que ces enfants ne se trouvent pas un jour dans la misère et dans l’affliction où ils se trouvent eux-mêmes lorsqu’ils n’ont pas de pain à leur donner.
Buffon - De l’homme - 1749 (in Textes choisis - Folio) p. 78
Pourquoi faudrait-il procréer ? Hier, nous avons vu que la tradition romaine considérait la procréation comme une production économique dont la société avait besoin pour continuer à vivre. Mais alors, il peut aussi y avoir surproduction d’enfants, comme il y a parfois surproduction de blé ou de café. Simplement, alors qu’on pouvait faire brûler le café dans les chaudières des locomotives (Brésil), avec les enfants c’est un peu plus compliqué (encore qu’une « bonne guerre », avec un peu plus de « chair à canon »…)
Il ne faudrait donc pas oublier la régulation des naissances évoquée ici par Buffon, qui procédait par l’interruption du processus naturel de la procréation. Buffon donne une interprétation morale de cette régulation, en évoquant l’affliction et la misère. Notez que les pauvres dont il nous parle ne sont pas très rationnels : que ne se castrent-ils eux-mêmes plutôt que leurs enfants ?
Dans la même période, Malthus devait théoriser de façon un peu plus rigoureuse cette pratique, connue depuis sous le nom de malthusianisme. De façon radicale, Malthus estime que le contrôle des naissances est indispensable, autrement dit qu’on ne peut s’en remettre à la nature pour équilibrer la population avec les ressources de son territoire. La nature produit bien un équilibre entre la démographie et les ressources ; mais cet équilibre ne s’établit qu’en dessous du seuil de pauvreté : quand la malnutrition est elle que les plus faibles périssent de faim, les plus forts ne survivent que fort péniblement.
Aujourd’hui on crie très fort contre le malthusianisme, considérant qu’il vaudrait mieux développer les ressources que supprimer des naissances. Mais c’est un combat d’arrière garde ; depuis longtemps la procréation a cessé d’être un processus naturel, lorsque chaque famille accueillait avec gratitude les enfants que le Bon Dieu lui envoyait.
D’ailleurs si vous êtes élu prochainement, et si vous voulez favoriser les familles nombreuses, n’oubliez pas d’augmenter les alloc familiales ; dès le premier enfant SVP
(1) Buffon vient de parler des Hottentots qui pratiquaient l’ablation d’un testicule pour être plus légers à la course. Reportez-vous au texte si vous ne me croyez pas.
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